Banque mondiale : une "carotte" de 10 millions pour encourager la réforme
AKP Phnom Penh, 14 février 2005 --
"Corruption, corruption, corruption". Voilà, selon le président de la Banque mondiale James Wolfensohn, les trois principaux obstacles à la compétitivité du royaume dans le combat qui l'attend face à des géants de la confection comme la Chine, a rapporté Cambodge Soir.
"Ne nous abandonnez pas. Dites à vos acheteurs de continuer à nous soutenir". Telle est, en substance, la seconde condition pour que l'industrie textile cambodgienne survive à la fin des quotas, selon Cham Prasidh, le ministre du Commerce. Résultat des courses: à l'annonce, vendredi, d'un, ambitieux train de réformes par le Premier ministre a répondu une promesse de prêts de 10 millions de dollars de la Banque mondiale (BM).
Vendredi s'est achevée à Phnom Penh une conférence de deux jours sur les défis du Cambodge dans l'ère post-quotas visant à soutenir le "modèle social" de la confection cambodgienne et à encourager les réformes indispensables à sa survie. La présence, pour sa première visite au Cambodge, de James Wolfensohn, le message vidéo très amical de Bill Clinton, jeudi, et la participation de Pascal Lamy, ancien Commissaire européen au Commerce et candidat à la direction de l'OMC, symbolisait 1'union sacrée autour du textile cambodgien, seul PMA (Pays les moins avancés) "à avoir fait de la responsabilité sociale de ses entreprises une stratégie nationale", selon la BM. Mais ce créneau social, seule carte à jouer face à des pays certes moins sociaux, mais plus compétitifs, ne suffira pas à convaincre les acheteurs de rester.
En substance, ont convenu les participants, la survie du textile cambodgien (80% des exportations, 270 000 emplois et 12% du PIB) dépend de deux facteurs: l'engagement du gouvernement à lancer les réformes attendues notamment en matière de lutte contre la corruption-pour accroître sa compétitivité, et la responsabilité morale des pays riches à accompagner le royaume dans son pari social, qualifié d"'exemple puissant pour le monde entier" par Bill Clinton, Cham Prasidh a ainsi à nouveau demandé à Washington d'accorder au Cambodge les mêmes exemptions douanières dont bénéficient de nombreux pays africains.
Premier élément de réponse du gouvernement: Hun Sèn a annoncé un train de mesures ambitieux-sur le papier du moins-afin de créer un environnement favorable aux investissements. Réduction des coûts et des procédures administratives pour l'import-export, facilitation de l'accès aux crédits, développement des infrastructures, révision des dispositions "généreuses" en matière d'heures supplémentaires, de travail de nuit et de congés, création de zones industrielles favorisant les exportations, renforcement du système législatif, promotion des Petites et moyennes entreprises... Réplique immédiate de la Banque mondiale: une proposition de prêt de 10 millions de dollars soumis à l'état d'avancement de ce train de réformes d'ici 60 jours. Une véritable "carotte", comme l'a qualifiée Cham Prasidh. La somme devrait être affectée à quatre domaines : amélioration de l'environnement commercial, facilitation des exportations, nouvelle loi sur les concessions et un projet de publication des décisions légales.
"Ce dont nous avons besoin au point où nous en sommes, ce n'est pas d'une lente et normale évolution de notre environnement commercial. Pour faire court, ce dont nous avons besoin, c'est d'une véritable révolution", a déclaré à la tribune Cham Prasidh. "Nous avons eu la bonne vision [en s'engageant dans la voie de la responsabilité sociale], mais une vision ne sauvera pas le Cambodge".--AKP
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