THAÏLANDE - Attention, la crémation tue

THAÏLANDE - Attention, la crémation tue
C’est une véritable "bombe à retardement" qui menace la Thaïlande, met en garde l’éditorialiste de The Nation de Bangkok. Chaque jour, dans la capitale et ses environs, "des gaz toxiques hautement polluants, à très fortes concentrations", sont rejetés dans l’atmosphère. En cause : les quelque 500 temples bouddhistes du secteur, en charge de la crémation des défunts.


Selon le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement thaïlandais, les crématoriums des temples rejettent du monoxyde de carbone, de l’oxyde de nitrogène, du dioxyde sulfurique, du mercure... Et, surtout, des dioxines et des furannes cancérigènes, en quantité presque vingt fois supérieure aux normes internationales en vigueur.

"C’est une révélation à vous glacer le sang", réagit The Nation. Qui rappelle que chaque année en Thaïlande 400 000 personnes décèdent, toutes susceptibles d'être incinérées et d'aller grossir le flux des émissions toxiques. Pour le quotidien de Bangkok, il devient urgent de réagir : "Au cours de leur existence, les gens polluent par leurs activités quotidiennes. Faisons en sorte qu’ils ne continuent pas à endommager l’environnement après leur mort."

En l’occurrence, c’est au gouvernement qu’il incombe d’agir, estime The Nation. "Les agences gouvernementales craignent que, en forçant les temples à dépenser beaucoup d’argent pour revoir leurs installations, elles ne poussent à la hausse le coût de la crémation. Cela priverait beaucoup de pauvres de ce qu’ils considèrent comme un enterrement digne."

Mais, dans ce cas, pourquoi ne pas construire des crématoriums publics, qui viendraient peu à peu remplacer ceux des temples ? Certes, tout ne changera pas du jour au lendemain, admet le quotidien : "Les rites funéraires et les crémations ont toujours été accomplis dans les temples, aussi loin que l’on s’en souvienne", et changer les mentalités prendra du temps. A charge pour Bangkok de "lancer une campagne d’information" sur le sujet...