mardi 8 mars 2005, 9h16
La Thaïlande nie toute négligence dans la prévision du tsunami
BANGKOK (Reuters) - La Thaïlande juge infondées les accusations de négligence sous-tendant une plainte déposée aux Etats-Unis qui la montre du doigt pour n'avoir pas su prévenir le 26 décembre sa population de l'imminence d'un tsunami.
"La Thaïlande et les ministères concernés n'ont pas échoué à assurer leur devoir", a déclaré à Reuters un porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, Sihasak Phuanketkeow.
"Cette catastrophe est un cas de force majeure qui n'aurait pas pu être prédit. Le tsunami est un phénomène que nous n'avions pas connu auparavant en Thaïlande", a-t-il ajouté.
Les vagues sismiques de décembre, qui ont fait en tout quelque 300.000 morts sur le pourtour de l'océan Indien, ont tué en Thaïlande plus de 5.300 personnes dont plus de la moitié étaient des touristes.
Juste après la catastrophe, des responsables thaïlandais avaient déclaré qu'il s'agissait du premier tsunami à frapper le pays depuis 300 ans.
Aucun avertissement n'a précédé l'arrivée de murs d'eau de dix mètres de haut sur les côtes thaïlandaises et les îles de la mer d'Andaman, 75 minutes environ après le plus puissant séisme que le monde ait connu depuis 40 ans, survenu au large de l'île indonésienne de Sumatra.
PAS DE SYSTEME D'ALERTE AVANCEE
Samith Dhammasaroj, un expert thaïlandais aujourd'hui chargé de mettre en place un système de détection avancé des tsunamis, avait déclaré peu après la catastrophe qu'un tel dispositif aurait déjà dû être en place et qu'il avait tenté d'alerter le département de météorologie, sans succès.
Le directeur du département de météorologie a par la suite été limogé.
Vendredi, des avocats américains et autrichiens ont déposé une plainte exigeant de la Thaïlande, des météorologues américains et du groupe français Accor qu'ils répondent d'accusations selon lesquelles ils auraient manqué à leur devoir en n'alertant pas les personnes concernées de l'imminence du tsunami.
Accor est propriétaire du Sofitel de la plage de Khao Lak, le secteur le plus touché par le tsunami en Thaïlande.
Les vagues géantes ont détruit une vingtaine d'établissements hôteliers situés sur cette plage, dont le Sofitel.
Le groupe hôtelier est accusé entre autres de n'avoir pas équipé son luxueux établissement de Khao Lak d'un système de détection sismique dernier cri et d'un dispositif d'alerte, malgré sa localisation dans une "zone à risque pour les séismes et les tsunamis".
La plainte a été déposée vendredi à New York au nom de victimes du tsunami.
Parmi les avocats impliqués, on compte notamment l'Américain Edward Fagan, connu pour ses actions en justice, dans les années 1990, contre des banques suisses épinglées pour leur gestion des comptes de victimes de la Shoah.
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