lundi 28 mars 2005, 23h33
Le risque de tsunami écarté dans l'Océan indien après un nouveau séisme
BANDA ACEH, Indonésie (AP) - Trois mois après le violent séisme du 26 décembre en Asie du Sud-Est, qui avait fait au moins 280.000 morts ou disparus, une violente secousse, de magnitude 8,7 selon l'Agence américaine de géologie, s'est produite lundi soir au large de l'île indonésienne de Sumatra, entraînant des scènes de panique sur les régions côtières de l'Océan indien.
Peu après le séisme, qui a eu lieu à 23h09 heure locale (16h09 GMT, 18h09 heure de Paris), l'Administration nationale américaine de l'atmosphère et des océans (NOAA) a conseillé l'évacuation de toutes les personnes se trouvant dans un rayon d'un millier de kilomètres autour de l'épicentre, et de nombreux pays de la région ont déclenché une "alerte tsunami".
Mais la crainte d'un nouveau raz-de-marée meurtrier s'est estompée dans les heures qui ont suivi le séisme, et en fin de soirée (heure de Paris) l'hypothèse d'une catastrophe de l'ampleur de celle du 26 décembre semblait exclue.
"Il semble qu'(il) n'ait pas provoqué de tsunami", a déclaré un scientifique de l'Agence indonésienne de géophysique, Prihar Yadi. "Si cela avait été le cas, le tsunami aurait déjà touché la côte de Sumatra. Et s'il n'y a pas de tsunami sur la côte la plus proche de l'épicentre du séisme, il n'y en aura pas dans une autre direction", a-t-il poursuivi.
Après le séisme du 26 décembre, d'une magnitude 9 sur l'échelle de Richter, des vagues gigantesques avaient déferlé sur les côtes de la province indonésienne d'Aceh dans les 45 minutes.
Selon l'Agence américaine de géologie (USGS), l'épicentre du tremblement de terre de lundi soir, d'une magnitude 8,7, était situé à 250km au sud/sud-est de Banda Aceh, et à plus de 10km sous le niveau de la mer. La secousse a duré environ deux minutes, soit beaucoup plus longtemps que les répliques quotidiennes enregistrées depuis le 26 décembre.
Elle a entraîné d'importantes scènes de panique dans les régions côtières de l'Océan indien, et notamment à Banda Aceh, durement touché il y a trois mois. La population est immédiatement descendue dans les rues, plongées dans le noir par une coupure de courant. Des feux de camps et les phares des véhicules constituaient les seuls éclairages de la ville.
Leurs enfants serrés contre elles, les femmes criaient "Dieu est grand" et priaient, tout en se précipitant dans la rue. De nombreux habitants emportaient avec eux des petits sacs de vêtements. Des embouteillages bloquaient les principales routes. Une seule et unique voiture de police patrouillait, exhortant la population à ne pas paniquer, via un mégaphone.
On ignorait dans l'immédiat si le séisme avait causé des victimes. Sur l'île de Nias, la plus proche de l'épicentre du séisme, les autorités ont précisé que plusieurs centaines d'habitations avaient été endommagées, voire entièrement détruites, par la violence de la secousse. Un porte-parole de la police, Zulkifli Sirait, a jugé "possible" que plusieurs centaines de personnes aient péri.
"Il pourrait y avoir des dizaines de personnes ensevelies sous les décombres", a précisé Agus Mendrofa, un responsable de la région. Mais "il n'y a pas eu de tsunami".
L'île de Nias, un lieu prisé des surfeurs, avait déjà été durement touché par le violent séisme du 26 décembre dernier, qui a fait au moins 174.000 morts et 106.000 disparus. Au moins 340 habitants de l'île avaient péri dans le raz-de-marée.
Au Sri Lanka, où plus de 30.000 personnes ont été tuées dans la catastrophe de décembre, la présidence a diffusé un bulletin d'alerte au raz-de-marée, exhortant tous les habitants des zones côtières à évacuer immédiatement. Une alerte mettant en garde contre "l'imminence d'une catastrophe naturelle" avait été émise, avant d'être levée plusieurs heures plus tard.
Le séisme a été ressenti jusqu'en Thaïlande, Malaisie et Singapour, à plus de 700km de l'épicentre. Mais Bangkok a levé son bulletin d'alerte au tsunami dans le courant de la nuit. Dans les villes malaisiennes de Kuala Lumpur et Penang, les habitants, pris de panique, ont fui leurs appartements et hôtels après que les autorités eurent activité les alarmes d'incendie.
Dale Grant, un membre de l'USGS, a expliqué que le séisme s'était produit sur la même faille que celui du 26 décembre. "Nous attendons des répliques", a-t-il précisé. AP