Sur la plage de Patong sur l'ïle de Phuket, début avril 2005
mardi 12 avril 2005, 11h21
Après le tsunami, débat autour du développement touristique thaïlandais
PHUKET (Thaïlande), 12 avr 2005 (AFP) - Cent jours après le tsunami du 26 décembre, la reconstruction du littoral thaïlandais oppose les écologistes, qui redoutent un développement aveugle de l'industrie touristique, aux promoteurs d'un secteur qui brasse des milliards de dollars.
Au cours des dernières années, les hôtels ont proliféré de manière anarchique sur les bords de la mer d'Andaman et avec eux, la pollution s'est étendue le long de la côte.
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"Nous devons reconnaître que le développement a été excessif et par endroits trop proche du rivage", déclare Niphon Phongsuwan, biologiste au département des ressources maritimes et côtières de Phuket. "Si nous continuons comme cela, l'environnement ne peut que se dégrader un peu plus", avertit-il.
Pour le scientifique et ceux qui, comme lui, prônent un développement mieux maitrisé, la catastrophe de décembre, qui a fait 5.400 morts, offre l'occasion d'une réflexion et d'un nouveau départ.
Mais les milieux politiques et d'affaires, qui profitent de la manne touristique --plus de 10 millions de visiteurs par an, 6% du PIB -- ne veulent pas entendre parler de restrictions.
Après le raz-de-marée, le gouvernement a envisagé de créer une zone tampon interdisant de nouvelles constructions à moins d'une certaine distance de la mer, parfois jusqu'à 50 m de la ligne de marée haute.
Pour Wichit Na-Ranong, président du Conseil du tourisme de Thaïlande, rien ne doit gêner le développement de l'industrie dans une région qui en a bien besoin.
"Je ne le permettrai pas, quelle que soit la limite", dit-il.
Contrairement aux craintes initiales, le tsunami n'a pas provoqué de dégâts irréversibles aux coraux et aux plages.
Il a même eu quelques effets bénéfiques en répartissant mieux les touristes le long de la côte et renouvelant le sable des plages. Surtout, il a entrainé une vaste opération de nettoyage et suscité un débat sur l'avenir.
Des défenseurs de l'environnement reprochent au gouvernement de ne pas saisir l'occasion pour relever les critères de protection de la nature.
"Le gouvernement n'a d'yeux que pour le tourisme", dit Thavivongses Sriburi, directeur de l'Institut de recherche sur l'environnement de l'université Chulalongkorn de Bangkok.
Il reproche à un plan de reconstruction de 100 millions de dollars de viser essentiellement la relance du secteur.
Sur le terrain, la tendance semble à la reprise du "tout tourisme" comme si rien ne s'était passé.
Tout de suite après le tsunami, les autorités de Phuket avaient promis de réguler le développement du bord de mer. Mais des constructions nouvelles ont commencé à repousser là où la mer a emporté les anciennes.
Sur l'île de Raja, un endroit paisible où l'on ne trouvait que des huttes de bambou, un complexe luxueux est en voie d'achèvement. Le raz de marée n'a fait que retarder un peu la construction.