L'OMS prévient d'une évolution inquiétante du virus H5N1

jeudi 19 mai 2005, 3h00
L'OMS prévient d'une évolution inquiétante du virus de la grippe aviaire

TORONTO (AP) - L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a enjoint mercredi la communauté internationale à se préparer à faire face à la menace grandissante que constitue le virus de la grippe aviaire H5N1 en Asie.

Dans un rapport sur l'évolution du virus, l'OMS explique que celui-ci est en train de changer et qu'il pourrait bientôt se propager plus facilement d'homme à homme. L'OMS rapporte également un cas où le virus a montré une résistance partielle à l'antibiotique oseltamivir, le plus couramment utilisé et stocké en prévision d'une épidémie dans les pays développés.

Les experts signalent que les nouvelles données sur le virus ne sont pas en soi surprenantes, mais qu'elles soulèvent des questions sur la capacité de l'oseltamivir à empêcher sa propagation. Si ces craintes étaient vérifiées, ajoute le rapport, les implications "seraient significatives en matière de prévention et de contrôle du virus H5N1".

"Selon moi, tout laisse croire que le virus est en train d'évoluer dans une direction opposée à celle qu'on espérait", a expliqué le Dr Michael Osterholm, directeur du Centre de recherche et de prévention des maladies infectieuses à l'Université du Minnesota (Etats-Unis). "Faut-il en déduire qu'une pandémie est imminente? Je ne sais pas, mais il y a de quoi être inquiet".

Les conclusions du rapport ont été établies à la suite d'une mission de recherche scientifique au Vietnam et après une conférence d'experts sur la grippe à Manille, aux Philippines, la semaine dernière.

"Compte tenu de ces dernières découvertes, il serait prudent d'entreprendre ou de mettre au point, le plus tôt possible, une stratégie de lutte contre une pandémie", indique le rapport, "et cela même si la virulence du virus H5N1 devait diminuer dans le courant de l'été".

Pour le moment, les scientifiques n'ont pas les connaissances nécessaires pour prévoir les conséquences de l'évolution actuelle du virus H5N1, quelles qu'elles soient, surtout quand on considère le peu d'informations disponibles, selon le Dr Earl Brown, virologiste à l'Université d'Ottawa (Canada).

Des données supplémentaires devraient toutefois êtres connues dans les prochaines semaines. Trois experts du Laboratoire national de microbiologie du Canada sont partis pour Hanoï au Vietnam mercredi pour aider les scientifiques locaux à analyser les échantillons de sang provenant de cas d'infection au virus H5N1. Le but de cette mission est surtout de déterminer s'il y a eu des cas de transmissions d'homme à homme. AP