Quatre personnes ont été tuées par balles lundi et mardi, dont un proviseur d'école, abattu tandis qu'il se rendait à son travail dans la province de Pattani.
• Madaree Tohlalal (AFP/AFP - mardi 19 juillet 2005, 12h03)
mardi 19 juillet 2005, 12h03
Thaïlande: état d'urgence décrété dans le Sud musulman
BANGKOK (AFP) - Le gouvernement thaïlandais a imposé mardi l'état d'urgence dans trois provinces du Sud à majorité musulmanes et théâtres d'une insurrection meurtrière depuis plus d'un an et demi.
La décision permet aux autorités d'utiliser les pouvoirs spéciaux prévus dans le cadre d'un durcissement de la répression décrété la semaine dernière, dont des écoutes téléphoniques et des arrestations sans inculpation, pour combattre les violences qui ont fait quelque 820 morts depuis janvier 2004.
Le vice-Premier ministre Wissanu Krea-ngam a indiqué que les mesures s'appliquaient dans les provinces de Narathiwat, Pattani et Yala mais pas dans celle de Songkhla, où il avait été question que l'état d'urgence soit imposé dans certaines zones. Après les critiques suscitées par la nouvelle politique de fermeté, le vice-ministre a précisé qu'il n'appliquerait qu'une partie des mesures prévues par le nouvel arsenal répressif, en particulier le placement en détention pendant 30 jours sans inculpation et les perquisitions et saisies sans mandat. Un nouveau comité a de plus été mis en place afin de recevoir les plaintes pour mauvais traitements subis par les habitants du fait des autorités.
M. Wissanu a tenté d'apaiser les craintes suscitées par la possibilité de censurer les médias, affirmant que les interdictions de publication ne concernaient que la diffusion d'images vidéos de décapitations en circulation actuellement dans le Sud. Le ministre a dénoncé des vidéos de décapitations en Irak mais montrées de telle façon que le spectateur pouvait penser à la Thaïlande. L'instauration de l'état d'urgence intervient au moment où l'armée et la police ont annoncé la mort de cinq personnes dans le Sud, dont un musulman décapité, ce qui représente une première depuis l'irruption des violences. Sorma Jaehani, un agriculteur âgé de 50 ans, a été décapité lundi dans la province de Yala, a-t-on précisé de source militaire.
Dix personnes ont ainsi été décapitées depuis début juin dans le Sud mais il s'agit du premier musulman victime de ce nouveau genre d'attaques venues s'ajouter aux attentats à l'explosif ou par balles commis quasi-quotidiennement dans la région. Quatre personnes ont été tuées par balles lundi et mardi, dont un proviseur d'école, abattu tandis qu'il se rendait à son travail dans la province de Pattani, selon l'armée. Les institutions scolaires sont une cible privilégiée des islamistes. Au moins 26 professeurs ont été tués depuis l'insurrection.
Dans une réaction aux dernières violences, le ministre thaïlandais de l'Intérieur, Chidchai Vanasathidya, a indiqué mardi que ses services avaient "demandé à tous les professeurs d'informer la police" de l'itinéraire emprunté pour se rendre à leur travail, afin de faciliter leur protection. Le Sud est à majorité musulman, dans une Thaïlande bouddhiste.