Cambodge: le roi Sihanouk souhaite rapidement un successeur

11 octobre 2004
3:26 Cambodge: le roi Sihanouk souhaite rapidement un successeur
PHNOML PENH - Le roi Norodom Sihanouk a invité ce week-end les Cambodgiens à se choisir un nouveau souverain pour éviter «tout chaos» dans le pays. Le roi a annoncé récemment sa décision d'abdiquer en invoquant son âge, 81 ans, et la maladie.
La prise de position du monarque est intervenue quelques heures après un communiqué du premier ministre cambodgien, Hun Sen, sur la nécessité de faire un choix dès cette semaine au cas où la décision d'abdiquer de Sihanouk se révélait irrévocable.
Le roi, qui se trouve à Pékin, a reçu ce week-end la visite de son fils, le prince Norodom Ranariddh. Ce dernier a tenté de convaincre son père de revenir sur sa décision.
La Constitution cambodgienne ne prévoit pas l'abdication, mais le Parlement a voté dans la hâte vendredi un texte permettant au Conseil du trône, fort de neuf membres, de fonctionner et de désigner un successeur. Hun Sen a précisé que son choix se porterait sur le prince Norodom Sihamoni, le demi-frère de Ranariddh, en cas d'abdication irrévocable du souverain actuel.
Ce chorégraphe âgé de 51 ans formé à Prague et ancien ambassadeur à l'UNESCO est aussi, semble-t-il, le choix de Sihanouk. «Sihamoni est une personnalité neutraliste qui ne se mêle pas à la politique et ne prend pas parti», a expliqué l'actuel souverain dans sa déclaration. «C'est ce qui convient tout à fait aujourd'hui pour notre Nation».
Le Cambodge semble, quant à lui, se prérarer à l'idée du retrait de son roi, qui aura 82 ans le 31 octobre, même si d'aucuns pensent que toute l'affaire n'est qu'un subterfuge politique. Pour certains analystes, le roi pourrait simplement vouloir règler le problème de sa succession avant sa mort plutôt que de laisser la monarchie s'éteindre avec sa disparition.
© ATS

Cambodge-abdication-roi
Plus d'espoir que le roi Sihanouk renonce à abdiquer (Premier ministre)

PHNOM PENH, 10 oct (AFP) - Le Premier ministre du Cambodge, Hun Sen, a
déclaré dimanche qu'il n'y avait plus d'espoir de faire revenir le roi
Norodom Sihanouk sur sa décision d'abdiquer en dépit des nombreuses
pressions de sa famille, des religieux et des grands partis politiques.
"L'espoir semble perdu", a déclaré Hun Sen à la presse à son retour d'Hanoï
où il participait à un sommet Europe-Asie.
"Cependant, jusqu'au 14 octobre, nous avons le temps. Nous n'abandonnerons
pas le peu d'espoir que le roi reste sur le trône", a-t-il ajouté.
Le nom du prince Norodom Sihamoni, âgé de 51 ans et un des fils du roi,
sera soumis à un vote jeudi du Conseil du trône, chargé de nommer le
successeur royal si le monarque ne change pas d'avis, a ajouté Hun Sen.
Selon la Constitution, un successeur doit être nommé dans les sept jours si
le roi meurt ou n'est pas capable d'assumer sa fonction.
"Norodom Sihamoni est proposé pour être élu roi", a ajouté Hun Sen.
Samedi soir, le roi Sihanouk avait rejeté toute possibilité de revenir sur
sa décision annoncée jeudi.
"Les bonzes suprêmes et mes compatriotes peuvent voir sur l'internet (...)
mon bilan de santé établi par des docteurs chinois (qui) montre clairement
que je ne joue aucun jeu et que je ne triche pas en vue de satisfaire mes
propres ambitions. Je suis depuis longtemps honnête envers la nation et le
peuple cambodgien", a écrit le roi de 81 ans dans une lettre lue samedi
soir à la radio et télé nationales et qui fait allusion à une lésion à
l'estomac qui nécessite plus amples examens.
Cette déclaration est intervenue alors que le prince Norodom Ranariddh,
fils du monarque, président de l'Assemblée nationale cambodgienne et autre
prétendant au trône, devait arriver à Pékin afin de "supplier" son père de
revenir sur sa décision.
Hun Sen a estimé que nommer roi le prince Ranariddh ferait "perdre sa
stabilité" au FUNCINPEC, parti royaliste dirigé par le prince. Son Parti du
peuple cambodgien (PPC) "perdrait (alors) un bon partenaire", a expliqué le
Premier ministre.
Le PPC et le FUNCINPEC ont récemment convenu, après de longs mois de
désaccord, de la formation conjointe du nouveau gouvernement cambodgien.

Succession - La loi sur le fonctionnement du Conseil du trône promulguée

Le chef d’Etat par intérim Chea Sim a promulgué dès lundi soir la loi sur le fonctionnement du Conseil du trône que le Conseil constitutionnel venait de déclarer conforme à la Loi fondamentale. Selon l’agenda annoncé par Hun Sen à son retour de Hanoï, le Conseil du trône devrait se réunir demain à 16 heures au Palais royal pour élire un nouveau roi sept jours, jour pour jour, après la "retraite" ou "l’abdication" de Norodom Sihanouk.



Le futur roi sera désigné à l’issue d’un vote à la majorité absolue des neuf membres du Conseil, composé de Chea Sim, Hun Sen, Norodom Ranariddh, Heng Samrin, Sisowath Chinvanmonirak, Por Bun Sreu, Ngon Nhel et des vénérables Bour Kry et Tep Vong. Il se pourrait que le Conseil n’ait à examiner qu’une seule candidature, celle du prince Norodom Sihamoni, fils de Norodom Sihanouk et de son épouse Norodom Monineath. Dimanche, Hun Sen a estimé que cette candidature était la seule "appropriée" tandis que depuis Pékin, le roi faisait savoir que le prince Ranariddh apportait également son soutien à son demi-frère.



D’après Heng Samrin, cinq membres du Conseil du trône, dont lui-même, Hun Sen, Chea Sim, Ngon Nhel et le vénérable Tep Vong, ont signé dès dimanche un texte soutenant Norodom Sihamoni. "Je crois qu’il n’y aura pas d’obstacle jeudi", a jugé Heng Samrin, premier vice-président PPC de l’Assemblée. "Et même si l’on ne parvenait pas à un résultat, cela n’aboutirait pas à la fin immédiate de la monarchie", a-t-il ajouté.



Dans les milieux proches du Parti Sam Rainsy, dont les parlementaires soutiennent également la candidature de Norodom Sihamoni, on spécule que les choses ne vont pas se passer aussi aisément qu’il n’y paraît parce que l’abdication de Norodom Sihanouk et l’élection à cadence forcée d’un nouveau roi affaibliraient le Funcinpec et son président le prince Ranariddh, déstabilisant ainsi la coalition gouvernementale.



Dans un message diffusé mardi sur son site internet, Norodom Sihanouk a souligné que son abdication "[lui] permet de donner à [son] pays une sérieuse chance d’éviter, au lendemain de [sa] mort, des troubles mortels pour la monarchie khmère et surtout catastrophiques pour le Cambodge et son peuple". "Si je régnais jusqu’à ce que la mort me rende visite, le Conseil du trône ne serait pas aussi ‘uni’ pour réaliser cet extraordinaire ‘consensus’ en faveur d’un prince pour être le nouveau roi", analyse-t-il, ajoutant qu’en pareilles circonstances les républicains de tous bords risqueraient de revenir sur le devant de la scène et qu’il serait difficile de les empêcher de s’entredéchirer.

Kong Sothanarith