Le gouvernement a multiplié les avertissements mais n'a pratiquement pas été en mesure de faire appliquer ses ordres, admet Chuch Phoeurng, haut responsable du ministère de la Culture et des Arts.
• Philippe Lopez (AFP/AFP/Archives - vendredi 23 septembre 2005, 9h08)
Des sites cambodgiens moins connus qu'Angkor Wat en train d'être pillés
PHNOM PENH (AFP) - Des pilleurs de tombes sont en train de décimer d'importants sites archéologiques cambodgiens moins connus que le célèbre temple d'Angkor Wat dans le but de vendre des antiquités aux touristes, affirme Terressa Davis de l'organisation Heritage Watch.
"Angkor est très bien protégé maintenant mais il y a toujours une forte demande sur le marché international pour de l'art cambodgien", explique Mme Davis, dont l'organisation, créée en 2003, prépare une campagne pour sensibiliser les acheteurs potentiels sur la nécessité de protéger le patrimoine archéologique du Cambodge.
Selon elle, les pilleurs et les commerçants s'intéressent moins au temple d'Angkor Wat mais ciblent plutôt désormais des régions frontalières de la Thaïlande comme la province de Banteay Meanchey où certains cimetières datent de 500 avant J-C.
"De très nombreux touristes achètent des antiquités khmères volées sans le savoir", dit-elle.
Selon une étude réalisée par Heritage Watch, près de 20% des visiteurs étrangers admettent acheter au moins une antiquité au Cambodge et, comme il y a environ un million de touristes par an, cela veut dire que des dizaines de milliers d'objets rares quittent le pays.
Heritage Watch a édité une bande dessinée en langue khmère pour expliquer aux villageois pourquoi ils ne doivent pas toucher aux sites archéologiques.
Sok Sareth, gouverneur adjoint de la province de Banteay Meanchey, reconnaît que le pillage est un véritable problème dans sa région mais il l'attribue à la pauvreté.
"Les pauvres creusent dans les cimetières en espérant récupérer d'anciens pots et colliers et les revendre à des commerçants", dit-il.
Le gouvernement a multiplié les avertissements mais n'a pratiquement pas été en mesure de faire appliquer ses ordres, admet Chuch Phoeurng, haut responsable du ministère de la Culture et des Arts.
Comme de nombreux sites archéologiques sont dans des endroits reculés et que les pillages se déroulent souvent la nuit, les autorités sont saisies des cas de vols beaucoup trop tard, explique-t-il.
Le ministère cambodgien a recensé 3.350 sites anciens, notamment des cimetières et des temples, mais des équipes ne désespèrent pas d'en trouver d'autres ailleurs dans le pays.