La Pêche au crocodile part à l’assaut des écrans

Cambodge - Cinéma - La Pêche au crocodile part à l’assaut des écrans

27-09-2005
Cambodge Soir - Si le crocodile est dangereux, l’homme l’est plus encore : c’est sur cette idée que repose le nouveau film de Mao Ayuth, réalisateur de nombreux longs métrages dans les années 90 et actuel secrétaire d’Etat à l’Information. Premier film produit par la société Ramsey Hang Meas, Nésat Krâpoe (littéralement, “La Pêche au crocodile”) est né de l’imagination de ce réalisateur, metteur en scène et scénariste qui s’est inspiré d’une histoire que lui a racontée son père quand il avait six ans.
En 1948, sous le protectorat français, à Battambang, un père nourrissait généreusement son fils dans le seul et unique but de l’utiliser un jour comme appât pour attraper un crocodile. Mao Ayuth a déroulé le fil de cette sombre histoire pour bâtir son scénario. “J’ai raconté l’histoire du crocodile à des amis, au café, afin qu’ils me donnent des conseils”, explique le réalisateur. Avant de rédiger le scénario, il a également lu un roman khmer, Samedi soir, dans lequel sont relatées des méthodes de capture des crocodiles. Il avoue aussi s’être inspiré de documentaires animaliers. Le tournage a duré plus d’un an, Mao Ayuth, pris par ses fonctions de secrétaire d’Etat, ne pouvant tourner que les week-ends.
Pour mettre sur pied ce film, le réalisateur s’est entouré de personnes expérimentées. Son assistant, Seng Sopheap, a notamment participé à la réalisation de films de Norodom Sihanouk, et a porté un soin particulier aux dialogues.

Mao Ayuth a aussi obtenu le soutien financier de la société Ramsey Hang Meas, leader sur le marché du karaoké depuis douze ans, dont La Pêche au crocodile est la première production cinématographique. La société dirigée par Eng Chai Nguon a importé du matériel répondant aux standards internationaux afin de pouvoir rivaliser avec les productions étrangères. “J’ai envie que tous les Cambodgiens regardent des films khmers, afin de sauver notre septième art et de réduire la part du cinéma étranger”, souligne En Chai Nguon, qui espère que le succès de ce premier film permettra d’en financer d’autres.

Du côté des acteurs, la production a fait appel à Preap Sovath, vedette numéro un de la chanson khmère, qui joue là son premier rôle au cinéma, et pas n’importe lequel : celui du héros. Le chanteur affirme avoir beaucoup travaillé pour soigner son jeu et contribuer à la qualité du film. “Je reconnais que ce n’était pas toujours facile, mais l’équipe de tournage, et surtout le metteur en scène, m’ont beaucoup encouragé et m’ont apporté de nombreux conseils. ça n’a donc pas posé de gros problèmes pour moi”, raconte Preap Sovath.

Figure également au casting un Français, Pierre Olivieri, installé au Cambodge depuis 1998. Mao Ayuth lui avait beaucoup parlé de l’histoire de La Pêche au Crocodile et de son projet d’en faire un film. Le réalisateur lui a demandé de jouer le rôle d’un inspecteur de province, à l’époque du protectorat français. “Je suis très satisfait de jouer dans ce film, souligne Pierre Olivieri. C’est une œuvre très originale par rapport à d’autres filmskhmers”. Selon lui, Nesat Krâpoe est capable de rivaliser avec certaines productions internationales, tant grâce à ses qualités techniques qu’à son contenu.

Mao Ayuth espère que son film touchera le public et le réconciliera avec le cinéma cambodgien : “Pour moi, la monotonie est l’ennemie du créateur. Je veux montrer que les Cambodgiens sont aussi compétents et peuvent faire des choses différentes”.

Ung Chamrœun