jeudi 20 octobre 2005, 9h39
La grippe aviaire continue sa progression, décès d'un fermier en Thaïlande
BANGKOK (AFP) - Le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a annoncé jeudi le décès d'un fermier des suites de la grippe aviaire, portant à 13 le nombre de morts dans ce pays depuis 2003, tandis que le virus poursuit sa progression.
A Londres, une réunion informelle des ministres de la Santé de l'Union européenne, prévue de longue date, devrait être dominée ce jeudi par la question de la grippe aviaire.
"Un homme est décédé la nuit dernière et les analyses ont confirmé qu'il était mort des suites de la grippe aviaire", a déclaré le Premier ministre thaïlandais au cours d'un point de presse. Des tests sont en cours pour déterminer s'il a contracté le virus mortel H5N1 qui a fait une soixantaine de morts depuis son apparition en Asie du Sud-Est en 2003.
Le virus a continué mercredi sa progression, apparaissant en Russie occidentale, et a toutes chances de se propager à l'Afrique et au Moyen-Orient selon des experts de l'ONU, alors qu'un prototype de vaccin hongrois a obtenu un premier résultat positif sur l'Homme.
"Les essais cliniques (sur 150 volontaires) se sont avérés positifs, le sang des cobayes ayant produit des anticorps", a annoncé le ministre hongrois de la Santé, Jenö Racz, à Budapest. "La Hongrie possède désormais une technologie grâce à laquelle elle pourra produire rapidement, en grande quantité et de manière efficace, un vaccin contre une version mutée du virus", a pour sa part déclaré Laszlo Bujdoso, le directeur des services vétérinaires hongrois (ANTSZ).
La mise au point d'un prototype de vaccin constitue une étape indispensable vers un véritable vaccin contre le virus mortel H5N1 dans le cas où celui-ci muterait pour se transmettre entre humains, avec le risque d'une pandémie.
Le virus de la grippe aviaire a été détecté dans sept fermes de la région de Toula, à quelque 300 kilomètres au sud de Moscou, où 3.000 volailles ont dû être tuées. "Nous avons la confirmation (...) qu'il s'agit de la forme H5N1" qui a fait plus de soixante victimes humaines en Asie, a déclaré le département de contrôle vétérinaire du ministère russe de l'Agriculture. "La progression du virus confirme notre pronostic d'une prochaine globalisation de l'épizootie", a souligné son chef adjoint Nikolaï Vlassov.
La semaine dernière, le virus avait été pour la première fois détecté à l'ouest de l'Oural, après l'avoir été en Sibérie, où il a probablement été introduit par les oiseaux migrateurs venant des régions frontalières chinoises.
De nouveaux cas de grippe aviaire ont été détectés dans la région chinoise de Mongolie extérieure, où 2.600 oiseaux sont morts du virus H5N1.
Le virus a déjà été détecté en Roumanie, en Turquie et des résultats d'analyse sont attendus dans quelques jours pour la Grèce. La présence d'un deuxième foyer du H5N1 a été confirmée en Roumanie.
L'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a averti que l'Afrique et le Moyen-Orient étaient menacés et qu'une propagation incontrôlée en Afrique de l'est augmenterait les risques de pandémie humaine.
La découverte des nouveaux cas "confirme les récents avertissements de la FAO relatifs à une progression du virus le long des routes empruntées par les oiseaux migrateurs à partir de l'Asie du Sud-Est", a souligné le chef des services vétérinaires de la FAO, Joseph Domenech.
"Les pays concernés et la communauté internationale devraient déployer tous leurs efforts afin que la grippe aviaire ne devienne pas endémique en Afrique" où les services vétérinaires "devraient rencontrer plus de difficultés pour mener à bien des campagnes d'abattage et de vaccination", a averti M. Domenech.
Le Maroc a annoncé qu'il allait renforcer le contrôle des oiseaux migrateurs transitant par son territoire. Et Israël a annoncé des achats massifs d'antiviraux.
A contre-courant, la ministre espagnole de l'Agriculture Elena Espinosa a assuré que le risque d'une pandémie relevait "de la science-fiction". Mais cela n'a pas empêché son gouvernement de passer commande d'entre 6 et 10 millions de doses d'antiviraux pour être à même de traiter un quart de sa population.
La Grande-Bretagne a annoncé vouloir acheter jusqu'à 120 millions de doses de vaccins traditionnels anti-grippe (pour une population de 60 millions d'habitants) pour réduire l'impact d'une éventuelle pandémie.
L'Allemagne a décrété mercredi le confinement des volailles sur l'ensemble de son territoire, a annoncé le ministre de la Protection des consommateurs Jürgen Trittin. Les Pays-Bas, qui avaient appliqué cette mesure aux élevages avicoles, l'ont décrétée également pour les poulaillers des particuliers, afin d'éviter tout contact avec les oiseaux migrateurs.
La France, en revanche, dispense dans l'immédiat les éleveurs de l'enfermement des volailles. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) "ne recommande, dans l'immédiat, ni la claustration des volailles de plein air, ni l'interdiction de la chasse" en France, dans un avis relatif à la grippe aviaire publié mercredi.
Le gouvernement français a par ailleurs chargé le Centre d'Information des Viandes (CIV) de lancer une campagne d'information auprès des consommateurs français afin d'éviter toute confusion entre la grippe aviaire des animaux et le risque alimentaire, inexistant pour les humains consommant de la viande cuite, selon différentes sources de l'industrie avicole.
Aux Etats-Unis, l'aéroport international de Los Angeles, en Californie, a annoncé qu'il prenait des mesures pour se préparer à une éventuelle pandémie, et le cas échéant "héberger des centaines et des centaines de passagers" qui seraient mis en quarantaine.