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L'ex-colonel khmer rouge Chhouk Rin rejoint Nuon Paet et Sam Bith en prison

27-10-2005
Cambodge Soir - Toutes sortes de rumeurs courraient sur son compte. Suite à l’émission, au mois de février, d’un mandat d’arrêt contre lui par la cour de Kampot, où se trouve son fief du Phnom Voar, l’ex-colonel khmer rouge Chhouk Rin avait pris le maquis selon les uns, gagné la Thaïlande selon les autres. Finalement, c’est dans le district de Trapaing Prasat de la province d’Oddar Meanchey, non loin de la frontière thaïe, que les policiers l’ont interpellé mardi en début d’après-midi. Il avait trouvé refuge dans la maison du neveu de son médecin et ami Ouch Noun. “J’ai appris son arrestation presque aussitôt. Chhouk Rin vivait chez mon neveu où je l’avais mis à l’abri depuis longtemps. Maintenant, le seul recours qui nous reste est de faire appel à la grâce du roi, mais je n’y crois pas trop...”, regrette le docteur. Une démarche qu’entend néanmoins effectuer l’avocat de l’ancien chef khmer rouge.

Avant de rejoindre la capitale, hier à midi, sous bonne escorte, le colonel amputé de la jambe gauche a dû passer la nuit de mardi à mercredi à Siem Reap. “Il se préparait à aller aux champs quand nous l’avons arrêté. Il n’a opposé aucune résistance, tout s’est fait sans violence. Son parcours va ainsi se terminer en prison, sans passer par d’autres étapes judiciaires”, indiquait hier Khieu Sopheak, porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Parmi les trois hommes condamnés à la perpétuité dans l’affaire de l’enlèvement de trois touristes occidentaux en 1994, Chhouk Rin, 51 ans et père de cinq enfants, était le seul encore en liberté. Il retrouve à la prison de Prey Sar ses deux anciens comparses Nuon Paet, qui se trouvait à la tête du bastion khmer rouge du Phnom Voar, et Sam Bith, le plus haut responsable khmer rouge de la région Sud-Ouest. Le premier avait été condamné le 7 juin 1999 à la suite d’un procès-éclair, le second l’avait été bien après dans un procès en décembre 2002. “Nous pouvons tourner la page. Les trois personnes impliquées dans l’assassinat des touristes occidentaux sont maintenant incarcérés. Apporter la justice aux familles des victimes était le devoir du gouvernement, qui n’a pas procédé à cette arrestation sous la pression de quelque pays que ce soit”, commentait hier Khieu Sopheak, faisant vraisemblablement référence à l’intervention du président français Jacques Chirac le mois dernier. Alors qu’il recevait le 19 septembre le Premier ministre Hun Sen à l’Elysée, Jacques Chirac lui a demandé que l’ancien cadre khmer rouge rallié aux forces armées royales purge sa peine “le plus rapidement possible”. La femme de Chhouk Rin est partie hier récupérer ses affaires à Trapaing Prasat pour les lui apporter à Prey Sar. Malade du sida et très affaiblie par le voyage, elle n’a pas souhaité s’exprimer sur l’arrestation de son mari. Quant à son avocat, Me Puth Theavy, il espère pouvoir obtenir une remise en liberté exceptionnelle pour son client : “Chhouk Rin est malade du sida, et n’a aucune chance de survivre en prison. Je compte vraiment sur une grâce royale et je vais parallèlement déposer une demande de remise en liberté afin que mon client puisse recevoir un traitement médical adéquat hors de prison.”

Le 26 juillet 1994, un train à destination de Kompong Som était attaquée par une bande armée de Khmers rouges. Plusieurs passagers viêtnamiens et treize Cambodgiens avaient trouvé la mort tandis que les trois Occidentaux qui étaient du voyage - le Français Jean-Michel Braquet, l’Australien David Wilson et le Britannique Mark Slater - étaient kidnappés et avaient fait l’objet d’une rançon. Ils étaient assassinés quelques semaines plus tard.

Chhouk Rin a conservé toute son autorité au Phnom Voar où les habitants, parmi lesquels il compte d’anciens soldats sous ses ordres, l’ont toujours assuré de leur fidélité. “On devrait le laisser finir sa vie en liberté. Il a tant fait pour les gens dans la région, et puis, il est maintenant très souffrant”, plaide son gendre, Nhor Nhœurng. Ses supporters avaient déjà signé voilà plusieurs mois une pétition pour défendre son cas aux yeux de la justice; ils avaient également menacé de venir manifester à Phnom Penh le jour où il se ferait capturer. Pour l’heure, tout semble calme du côté du Phnom Voar.

Kong Sothanarith