La croissance économique revue à la hausse malgré ...

La croissance économique revue à la hausse malgré des obstacles

04-11-2005
Cambodge Soir - Malgré de nombreux obstacles, la croissance économique cambodgienne devrait atteindre cette année un taux de 6,1%, conforme à la moyenne des pays est-asiatiques, selon les dernières estimations de la Banque mondiale (BM) présentées jeudi matin à l’occasion d’une vidéo-conférence régionale.
L’économie cambodgienne semble avoir bien résisté à la hausse du prix du pétrole, à la levée des quotas dans l’industrie textile et à la crise de la grippe aviaire, trois menaces qui avaient amené les experts de la Banque mondiale à tabler en début d’année sur un taux de croissance de 2,6 % en 2005.

“La bonne nouvelle est que le secteur textile continue de croître”, a affirmé Rob Taliercio, économiste de la BM, soulignant que les perspectives de croissance se sont également améliorées grâce à “la politique macro-économique du gouvernement”, “à ses mesures fiscales et monétaires” et aux réformes structurelles qu’il a menées ces dernières années.

Les restrictions imposées sur les importations de textiles chinois sur les marchés américains et européens semblent avoir permis aux exportations cambodgiennes de continuer à progresser. En revanche, la hausse des tarifs pétroliers a dépassé les prévisions des experts de la BM, affectant plus particulièrement les pays importateurs de pétrole à faibles revenus comme le Cambodge. La facture pétrolière pourrait coûter 0,8 point de croissance au royaume. Cependant, estimait jeudi Milan Brahmbhatt, économiste de la région Asie-Pacifique, “nous avons passé le pire : la tendance générale sera à la stabilisation”.

Pour la BM, comme pour le gouvernement qui table sur un taux de croissance de 6,3 %, les perspectives sont “encourageantes”.

Optimistes également sont les prévisions de la BM en matière de lutte contre la pauvreté. Nisha Agrawal, responsable de la BM pour le Cambodge, a présenté les premiers résultats d’une étude à paraître dans les prochains mois, estimant que le nombre de Cambodgiens vivant en dessous du seuil de pauvreté a diminué de 47 % en 1993/1994 à 35 % actuellement. “Cette étude permet de comparer les chiffres de 2004 avec ceux de 1993, soulignait Nisha Agrawal, Nous pouvons ainsi observer la tendance et savoir si nous allons dans la bonne direction. Les résultats sont prometteurs : la pauvreté a bien diminué sur les dix dernières années”, a déclaré la responsable, soulignant l’impact de la croissance économique sur la population.

Cet optimisme est cependant tempéré par les chiffres du dernier rapport de l’Institut économique du Cambodge (EIC), qui table sur un taux de croissance plus modéré de 5% (contre 3,2% prévus dans le rapport d’avril 2005). “Cette différence est due au fait que l’EIC prévoit une croissance moindre dans le secteur textile”, affirmait un expert de la Banque mondiale. “Nous prévoyons en effet une hausse de la production textile de 8,5% [contre 13% selon la Banque mondiale] en 2005, précisait Lim Visal, chercheur à l’EIC, Mais nous avons surtout réévalué les coûts entrants, qui ont augmenté plus que prévu [par exemple, le coût d’un tracteur, de l’essence pour le faire fonctionner, des transports...].” Le rapport d’octobre 2005 de l’EIC met aussi en évidence les disparités croissantes entre pauvres et riches et précise que 42% des Cambodgiens vivent en dessous du seuil de pauvreté de 1 dollar par jour (le seuil retenu par la BM varie entre 1750 et 2350 riels selon les zones). Pour Lim Visal, il est donc indispensable de mettre l’accent sur le développement des zones rurales, en soutenant l’agriculture et l’attribution de titres fonciers aux plus pauvres : “Le problème foncier est l’un des plus importants (...) Il faut que les terres aillent à tout le monde et pas seulement aux plus riches et aux plus puissants”. KyS et LLG