peu d’évolution du niveau de vie en trois ans

Société - Dans 40 villages sondés, peu d’évolution du niveau de vie en trois ans
28-11-2005

Cambodge Soir - Les résultats d’une enquête d’opinion sur la pauvreté, menée dans quarante villages des cinq provinces de Banteay Meanchey, Prey Veng, Kompong Speu, Kandal et Kampot, soulignent la faible amélioration du niveau de vie des plus pauvres entre 2003 et 2005.

Cette étude présentée vendredi par l’ONG Forum et des organisations collaboratrices, est basée sur des entretiens conduits avec 1 000 chefs de famille sur des thèmes comme la sécurité alimentaire, le développement rural et les infrastructures, a expliqué Russell Peterson, représentant de l’ONG Forum. L’objectif était d’évaluer l’application de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté sur le plan local entre 2003 et 2005.

Les personnes sondées, en grande majorité des femmes (64,4 % contre 35,6 % d’hommes), étaient âgées de plus de 24 ans, à la tête d’une famille d’au moins six membres et installées dans le village depuis au minimum deux ans. L’enquête démontre que les hausses de revenus sont avant tout consacrées à une augmentation des dépenses d’alimentation. Sur la période étudiée, 66,2 % des sondés ont augmenté leur consommation alimentaire, tandis que 14,2 % l’ont réduite.

Les carences alimentaires sont encore importantes, si l’on en croit une partie des personnes interrogées : seuls 22 % des sondés estiment avoir suffisamment de riz à manger quotidiennement. Concernant la consommation de poisson, le pourcentage de satisfaits tombe à 6%, tandis que 34 % des villageois affirment en manquer parfois et 60 % ne pas en avoir assez pour assurer leurs besoins quotidiens.

Alors que deux sondés sur trois tirent leurs principaux revenus de l’agriculture, ceux-ci comptent parmi les plus pauvres : près de 70 % d’entre eux vivent avec moins de 30 dollars par mois. Seule une part infime des agriculteurs parvient à tirer son épingle du jeu : ils ne sont que 0,3 % à gagner plus de 120 dollars par mois. En revanche, les personnes dont l’essentiel des revenus est assuré par d’autres activités que l’agriculture semblent comparativement moins frappées par l’extrême pauvreté : environ 50 % d’entre elles gagnent entre 31 et 120 dollars, tandis que 4 % parviennent à générer plus de 120 dollars par mois.

L’étude dirigée par Lindsay MacLean, directrice de recherche de Village Focus International (VFI) met aussi en évidence l’aggravation des conflits fonciers. Dans les villages étudiés, plus de 70 % des terrains sans actes de propriété font l’objet de litiges. Loin de résoudre ces problèmes, l’attribution de titres de propriété semble au contraire exacerber les tensions : 90 % des terrains pour lesquels des titres de propriété ont été émis suscitent des conflits, selon les personnes sondées.

Quant aux infrastructures, les familles interrogées estiment dans leur majorité qu’elles sont insuffisantes. Plus de 40 % n’ont pas accès à l’eau potable tandis que près d’une famille sur trois affirme ne pas disposer d’électricité. Manque d’infrastructures routières (selon 54 %) et de services de santé (52,7 %), irrigation insuffisante (45,6 %), absence de travail pour tous (44,9 %) et de structures d’éducation (33,5 %) sont autant de points négatifs que déplorent les villageois sondés. Interrogés sur ces problèmes, les chefs de village se rangent eux-aussi à l’avis des habitants : ils estiment que 70 % des réseaux d’irrigation nécessaires n’ont jamais été réalisés.

Lindsay MacLean a souligné toutefois les limites de ces données, qui reflètent l’opinion et les déclarations des villageois sondés. Ces résultats n’ont pas de portée au niveau national, mais fournissent un simple éclairage qui, selon les enquêteurs, devrait permettre aux ONG qui interviennent dans ces villages de renforcer leurs actions.
Ros Dina