l'Asie du Sud-Est veut un "réseau" d'antivirus

Un marché aux volailles à Kuala Lumpur le 11 décembre 2005

mardi 13 décembre 2005, 13h34
Grippe aviaire: l'Asie du Sud-Est veut un "réseau" d'antivirus

KUALA LUMPUR (AFP) - L'Asie du Sud-Est, la zone du monde la plus touchée par l'épidémie de grippe aviaire, veut développer un "réseau" d'antivirus permettant une réaction rapide en cas d'éruption d'infections humaines.
Ce projet a été présenté mardi au sommet de l'Association des nations de l'Asie du sud-est (Asean) à Kuala Lumpur, au moment de la confirmation en Indonésie d'un neuvième mort, un homme âgé de 35 ans. La grippe aviaire a causé plus de 70 décès dans la région.
Les quatre pays les plus touchés par l'épidémie - le Vietnam, la Thaïlande, le Cambodge et l'Indonésie - font partie des dix nations de l'Asean.

Selon une étude scientifique, il faudrait stocker trois millions de doses d'antiviraux en Asie du Sud-Est pour être en mesure de réagir efficacement en cas de mutation du virus qui le rendrait transmissible d'homme à homme et déclencherait une épidémie catastrophique.

Les inégalités sont saisissantes entre des pays modernes comme Singapour et d'autres comme l'Indonésie ou le Vietnam, où la promiscuité entre l'homme et l'animal accroît les risques de contamination et où les services médicaux et vétérinaires sont débordés.

Constituer des stocks du coûteux Tamiflu représente une importante préoccupation pour les pays d'Asie du Sud-Est.

Cet antigrippal réduisant les effets de la grippe aviaire est produit par le laboratoire pharmaceutique suisse Roche. Il est potentiellement efficace en cas de pandémie humaine. Aucun vaccin n'existe à ce jour.

L'idée de l'Asean est de mettre en commun les ressources en Tamiflu et de "combler les trous" en cas de crise au niveau régional et non à chaque niveau national.

L'objectif est que le médicament soit "disponible pour être distribué dans toute zone éventuellement infectée dans un laps de temps très court", a expliqué à Kuala Lumpur le ministre des Affaires étrangères thaïlandais Kantathi Suphamongkhon.

Le programme permettra d'aider les nations peuplées et pauvres qui ont du mal à constituer des réserves d'antiviraux.

Les autorités vietnamiennes ont par exemple décidé d'interdire les ventes en pharmacie du Tamiflu afin de gonfler leurs stocks. Le gouvernement indonésien a de son côté reçu de Roche l'autorisation de produire le Tamiflu, qui était trop cher à acheter en grandes quantités pour le budget de l'archipel.

Ces nations ont également reçu au sommet de Kuala Lumpur une aide substantielle du Japon. Tokyo a annoncé débloquer 135 millions de dollars pour aider l'Asie du Sud-Est à lutter contre la grippe aviaire.

Environ 46,8 millions de dollars serviront à aider les nations touchées à stocker des antivirus pour 500.000 personnes ainsi qu'à tester des équipements de contrôle de l'épidémie.

La majorité de l'argent restant sera versé aux agences de l'Onu luttant contre l'épidémie, dont l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Pour les pays de l'Asean le problème de la grippe du poulet ne se pose pas seulement en terme de santé publique, mais de plus en plus sur le plan économique.

Le Vietnam, pays le plus lourdement touché par la maladie, a indiqué mardi avoir perdu chaque mois plus de 70 millions de dollars à cause de la grippe aviaire touchant ses volailles dont les ventes de produits sont en baisse dramatique depuis longtemps.