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 La violence règne au sud de la Thaïlande

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Thaïlande - Cambodge
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Nombre de messages : 5571
Date d'inscription : 08/08/2004

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MessageSujet: La violence règne au sud de la Thaïlande   La violence règne au sud de la Thaïlande EmptyMar 20 Déc - 10:17

La violence règne au sud de la Thaïlande Logo_fr

La violence règne au sud de la Thaïlande

Asie du Sud-Est Les paysans de cette région soumise à l'état d'urgence subissent l'affrontement entre rebelles séparatistes musulmans et escadrons militaires.
Florence Compain
[20 décembre 2005]

LES HOMMES DU HAMEAU ont tous disparu. Terrifiées à la seule idée de porter plainte, les épouses n'osent réclamer les corps à la morgue ou solliciter une visite à la prison du district.

Tanyong Limoh, niché dans une plantation d'hévéas du sud de la Thaïlande est une «zone rouge», selon la cartographie gouvernementale. Contrôlée par les insurgés islamistes. Depuis trois mois, «nous sursautons au moindre bruit, nous avons peur de tout, des soldats et de leurs listes noires glissées sous nos portes, des tracts des militants qui menacent de nous couper les oreilles si nous travaillons les jours fériés musulmans», explique Tuan Mimoh, éreintée par une longue matinée à saigner les hévéas.


Avec ses rizières gorgées par les moussons et ses épaisses forêts d'hévéas, Tanyong Limoh serait un coin de la province de Narathiwat presque idyllique s'il n'était pas replié sur lui-même. La paix est trompeuse ici : le 20 septembre dernier, deux soldats sont capturés par des villageois qui les soupçonnent d'avoir tué deux des leurs. Les femmes et les enfants se postent à l'entrée du village et empêchent tout étranger d'y pénétrer. Après dix-huit heures de siège, les soldats sont passés à tabac puis poignardés par de mystérieux rebelles séparatistes.





Quelques jours plus tard, le mari de Tuan Mimoh est «invité». Traduire : embarqué dans un lieu de détention secret, selon la terminologie des forces de l'ordre. De peur d'être soupçonnée de sympathie pour les insurgés, cette femme malingre déchire à la hâte les messages placardés secrètement sur les maisons et appelant «les musulmans du sultanat de Pattani» à «s'unir pour se défendre des atrocités de l'armée thaïlandaise». Le soir venu, elle se barricade chez elle et se serre contre ses cinq enfants quand elle entend des tirs.

Deux ans de conflit


Après deux ans de conflit, larvé mais parfois extrêmement violent, dominent l'incertitude, la peur et la suspicion dans l'extrême sud du royaume, qui regroupe 3,5 millions d'habitants, dont 80% de musulmans d'origine et de culture malaises. A moins de deux cents kilomètres du paradis touristique de Samui, Narathiwat, Yala et Pattani, les trois provinces frontalières de la Malaisie, l'ancien sultanat de Pattani rattaché à la Thaïlande en 1909 seulement, sont devenues une «zone de guerre, quadrillée par 30 000 soldats», explique Somboon Ahmed Bualuang, un des derniers universitaires du Sud à oser s'exprimer.

Les bonzes ne mendient leur aumône que sous escorte militaire. Les écoles et les bâtiments officiels sont entourés de fils barbelés. Quand ils n'ont pas fui, les enseignants, considérés par les rebelles comme les agents de l'assimilation des enfants malais par l'Etat central thaïlandais, font cours une arme à la ceinture.


Et les petits vendeurs de glace ont renoncé à leur uniforme bleu ciel craignant d'être confondus avec un policier et abattus. Sur des routes désertes, les barrages des forces de l'ordre se succèdent. Et toute la nuit, c'est un ballet d'hélicoptères surveillant les plantations d'hévéas pour déjouer les attaques des militants.


Sur la route qui traverse le hameau de Tanyong Limoh, une dizaine de soldats lourdement armés sont en «mission de fraternisation». Leur chef, une flopée d'amulettes bouddhistes autour du cou, s'est «familiarisé avec la culture locale», assure-t-il. Et récite : «Pas d'alcool, pas de filles, pas de chaussures dans les mosquées», devant un groupe de jeunes à la mine sombre. Mais il juge «le yawi, le dialecte local, incompréhensible» et «les habitants, peu coopératifs». «Avec la population locale, nous sommes un peu comme un couple. Nous nous disons tout», ironise-t-il. «Sauf peut-être nos aventures extraconjugales.» Exaspérée par leur présence, une villageoise marmonne entre ses dents : «Un chien reste un chien, même s'il côtoie une chèvre.»


Les violences ont fait plus de mille trois cents morts depuis janvier 2004. Aucun mouvement crédible n'a revendiqué la paternité des méfaits. Et personne ne parvient à démêler la part de la criminalité, du djihad islamique et des luttes de pouvoir. Alors chaque incident sert à nourrir de nouvelles théories.

Les services de renseignements militaires soupçonnent un nouveau groupe d'insurgés, né de la fusion des irréductibles des vieux mouvements séparatistes en activité dans les années 1970 et 1980 et qui seraient de mèche avec les islamistes malaisiens. Ils disent aussi avoir «repéré 3 000 terroristes formés au maniement des armes et à la fabrication des bombes en Libye», mais ne peuvent exhiber à la presse locale que 46 «espions à la solde des insurgés qui devront faire un stage de rééducation, avec comme examen final d'entonner l'hymne national».

La communauté musulmane, éprouvée par les disparitions (des centaines en deux ans) et les assassinats, accuse les forces de l'ordre.


Une grosse main aux doigts bagués : c'est tout ce que l'on distingue dans la pénombre de son antre. Baharudin Yusof, un ponte local, vient d'échapper à des tueurs à gages. La veille, il avait trouvé devant sa porte du riz et des oeufs, les aliments utilisés pour les rites funéraires.

Devant sa maison du village de Baraho, c'est une file de villageois courbés demandant une faveur et de petits malfrats faisant leur rapport. Pour lui, les nettoyeurs encagoulés qui sèment la terreur, la nuit venue, sont des «unités de la guerre spéciale, des escadrons de la mort formés dans le camp militaire de Lopburi». Le premier ministre thaïlandais, Thaksin Shinawatra, a une autre explication : «un complot pour le renverser».

Dans cette ambiance délétère, l'état d'urgence décrété en juillet dernier n'a fait que renforcer la défiance. «C'est une légalisation des techniques extrajudiciaires, un permis de tuer», s'inquiète Sunai Phasuk, à la tête d'une organisation de défense des droits de l'homme.

Ambiance délétère

L'accumulation des erreurs de gestion du conflit a préparé un terrain favorable à l'internationalisation du conflit, s'accordent les experts. S'il doute de l'influence de la Jemaah Islamiyah, relais asiatique du terrorisme islamiste, Sunai remarque que les «méthodes des insurgés se sont radicalisées» : bonzes égorgés, saigneurs d'hévéas décapités. Leur logique est implacable : «Vous tuez des innocents, nous tuons aussi des innocents», disent des messages laissés sur les victimes.

«Quand le premier ministre Thaksin insulte le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique en lui conseillant de relire le Coran avant de critiquer sa gestion des violences, il contrarie les pays musulmans, mais aussi les réseaux terroristes islamistes», estime Sunai Phasuk. Pour l'organisation International Crisis Group, «ce n'est qu'une question de temps pour que des combattants du djihad venus de l'étranger prennent pied dans ces confins troublés de la Thaïlande».
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