La Thaïlande exorcise le souvenir du tsunami
Monde: Commémoration. Dans l’un des onze pays dévastés par le tsunami,
une gigantesque cérémonie a rappelé le drame survenu il y a un an. Reportage dans l’une des localités les plus touchées.
Phuket / niki nadas
Publié le 27 décembre 2005
«Même si celui que tu aimes est parti, l'amour ne va jamais mourir. Il est temps de guérir, temps de sourire. Le vent de l'espoir est en chemin...»
«Le vent de l'espoir», c'est le titre de la chanson évocatrice qui a été choisie comme thème officiel de la journée «en souvenir du tsunami, un an après». Et celui-ci illustre parfaitement l'attitude adoptée par la Thaïlande face au drame du
26 décembre dernier, à savoir sa volonté de se relever à tout prix.
Cette philosophie très bouddhiste d'accepter son sort et de faire face a été évidente tout au long de la grande journée commémorative d'hier. Le matin, il y a d'abord eu, simultanément sur six sites différents, des cérémonies religieuses interconfessionnelles.
J'ai assisté à l'une d'elles, à Baan Nam Khem, la localité la plus touchée par le raz-de-marée. Les habitants ont honoré une dernière fois leurs morts au cours de prières bouddhistes, chrétiennes et musulmanes, avant de présenter fièrement leurs nouvelles maisons, reconstruites grâce à l'entraide internationale.
Un Mémorial «permanent»
Ce fut ensuite le tour du lancement officiel de la commémoration, avec dépôts de gerbes et fleurs, discours des représentants officiels du gouvernement thaïlandais, et surtout le moment très fort de la minute de silence à 10 h 10 locales, pour marquer le moment où la première vague géante a frappé la côte thaïlandaise, l'an passé.
L'après-midi, la pose solennelle par le premier ministre Thaksin Shinawatra de la pierre inaugurale du futur mémorial permanent du tsunami - un projet artistique géant qui sera choisi parmi les œuvres présentées par des artistes de plus de 40 pays - a provoqué l'émotion. Enfin, on relèvera l'intervention de la princesse Ubotrattana, qui a elle-même perdu son fils dans la catastrophe.
Après cette boulimie d'événements en tous genres, la cérémonie de clôture, tard le soir, a ressemblé à une délivrance. La plage de Patong à Phuket a été illuminée à l'aide de 100 000 bougies, placées au fond de trous creusés dans le sable.
Lanternes de la douleur
Une image très paisible, aussi magique que le lancement, au-dessus de la mer, de lanternes flottantes, des espèces de petites montgolfières sur lesquelles ceux qui ont perdu un proche ont inscrit des messages d'adieu emportés par le vent. L'impression que le temps de guérir était arrivé. La journée du premier anniversaire s'achevant, il s'agit à présent de se tourner vers l'avenir.
Et du reste, dès aujourd'hui, c'est place à la fête dans le sud de la Thaïlande.
Le 26 décembre a servi, en effet, de lancement à une semaine de festivités tous azimuts jusqu'à Nouvel-An, à Phuket. Festival gastronomique, attribution de MTV awards locaux, ainsi qu'un compte à rebours en musique jusqu'à la soirée du réveillon: après le souvenir, l'espoir... Il est désormais temps de sourire.
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