Le roi demande à Thaksin d'user de moins de force

Thaïlande : Le roi demande à Thaksin d'user de moins de force


Le roi Bhumibol Adulyadej a demandé au gouvernement d'employer des méthodes plus douces dans le Sud musulman du pays, a déclaré le 1er novembre le Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Le roi, qui n'intervient que rarement en politique, a reçu en audience le
chef du gouvernement le 31 octobre en son palais de Hua Hin, au sud de Bangkok, pour évoquer la situation dans le Sud après les tragiques événements de la province de Narathiwat le 25 octobre dernier et, apparemment, rappeler à l'ordre M. Thaksin.
Le roi "a exprimé son inquiétude sur la situation dans le Sud et a demandé au gouvernement d'envisager d'être plus clément et de permettre à la population locale de participer à la solution de la crise", a expliqué M. Thaksin à la presse.
Il a ajouté que le roi Bhumibol voulait que son gouvernement règle rapidement la question du Sud et que les deux côtés-forces de sécurité et militants musulmans- arrêtent la violence.
La police a annoncé par ailleurs que 189 manifestants qui n'avaient pas été libérés le 30 octobre seraient probablement accusés de sédition, charge assortie d'une peine minimale de 20 ans de prison.
L'armée avait annoncé samedi ne plus détenir que 113 manifestants après l'arrestation de 1.300 à l'issue d'une manifestation le 25 octobre à Tak Bai, dans la province de Narathiwat et la différence de chiffres n'a pas été expliquée. Le roi intervient très peu sur la scène politique mais est revêtu d'une immense autorité morale en Thaïlande et donne son avis en cas de crise. En février, il avait déjà souhaité la fin des violences et une coopération entre les parties.
Signe de l'inquiétude de la famille royale, la reine Sirikit a passé deux mois dans le Sud dont elle vient de rentrer. "Ces deux mois ont été fournis en violence", a-t-elle dit à la presse. Comment les gens peuvent-ils vivre si cela continue comme cela ?", a-t-elle demandé. M. Thaksin fait face à sa pire crise depuis son arrivée au pouvoir au début 2001 mais, tout en exprimant ses regrets, il a refusé de s'excuser, estimant que le drame était accidentel. Il a souhaité qu'une commission d'enquête indépendante annoncée le 29 octobre ait terminé ses travaux dans les 30 jours.
Seulement 5 % des Thaïlandais sont musulmans et ils vivent concentrés dans les provinces du Sud, qui avaient connu des violences séparatistes dans les années 70 et 80. Mais les attaques ont repris en janvier, avec des morts quasiment tous les jours, et les autorités ont été incapables de les endiguer en dépit d'une approche musclée et d'un renforcement des mesures sécuritaires.
La violence s'est poursuivie le 1er novembre dans la province de Narathiwat où trois commerçants bouddhistes ont été tués, apparemment en représailles du drame de la province de Narathiwat.
"C'est peu comparé à ce que vous avez fait à des innocents à Tak Bai", disait l'un des messages retrouvés près des corps.

AFP/VNA
( 02/11/04)