La Saint Valentin entre dans les moeurs
14-02-2006
Cambodge Soir - Sur un tableau aux couleurs sucrées, garni de roses et de cœurs, les gens sont invités à déposer dans de petites cases un message d’amour à l’être aimé, voire une déclaration d’amour, en laissant un numéro de téléphone. Garçons comme filles se succèdent au tableau sans gêne aucune. Ils sont déjà nombreux à s’être prêtés hier au jeu, devant le centre commercial Sorya, et dans toutes les langues : cambodgien, anglais, chinois, etc. L’initiative revient à une compagnie qui a voulu ainsi marquer la Saint Valentin, une fête commerciale de plus en plus célébrée par les Phnompenhois, encouragés en cela par les commerçants.
Chorvy, 18 ans et lycéen inscrit à Preah Sisowath, vient d’écrire au tableau un appel à sa petite amie pour qu’elle lui fasse “davantage confiance”. Comme l’année passée, il projette d’emmener sa douce au cinéma et de lui offrir une rose en gage d’amour. “Quand elle lira ce que j’ai écrit, ses sentiments pour moi seront encore plus forts”, est convaincu le lycéen. Non loin de lui, une midinette, blue-jean et cheveux teintés, s’applique, armée de son stylo, à déclarer sa flamme à un chanteur. “Cela fait des années que je l’aime mais c’est la première fois que je le déclare publiquement. Il ne faut pas avoir honte de dire qu’on aime quelqu’un, surtout pendant la fête des amoureux!”, lance la nymphette de 19 ans.
Et quand on parle d’amour, la question des rapports protégés n’est jamais bien loin. Les préservatifs OK se font plus présents, et la maison qui les distribue, Populations services international (PSI), multiplie les actions pour encourager les jeunes à avoir les bons réflexes. A l’occasion de divers concerts de musique, PSI distribuera gratuitement 5 000 préservatifs aux couples, mariés ou non, assortis de 5 000 roses, de CD de chansons romantiques, et organise une grande loterie avec à la clé un dîner en tête-à-tête dans un hôtel de luxe. “Peu de gens, et principalement les couples, connaissent nos produits alors que ces préservatifs leur sont destinés”, explique Pisey, de PSI, qui entend frapper fort pour la Saint Valentin avec une très bonne visibilité.
Citant un dernier rapport du Centre national de la santé montrant que le taux de contamination du sida du mari à la femme s’élève à 46%, Chan Borina, chef du marketing à PSI, souligne que le nouvel enjeu est de faire entrer dans les mœurs le port du préservatif au sein du couple, “notamment chez les jeunes”, relève-t-il. Veng Thai, à la tête de la direction municipale de la santé, approuve la diffusion de ces messages éducatifs qui peuvent prévenir des comportements inconscients et des grossesses non voulues chez les plus jeunes. Mais, tempère-t-il, “il ne faudrait pas que ces slogans soient adressés à des couples dont les conjoints sont fidèles sans quoi cela instillerait le doute dans leurs relations”. D’autres responsables, comme le directeur de l’école Indradévi, redoutent que trop de tapage autour de la Saint Valentin et des préservatifs n’encourager les élèves à “passer à l’acte”. “Cette fête n’est pas de notre culture, il ne faut donc pas trop la promouvoir”, prône-t-il.
Chheang Bopha
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