Pourquoi les hôtels préfèrent les produits importés pour leurs cuisines?
21-02-2006
Cambodge Soir - Les autorités se préoccupent du fait que la plupart des produits proposés dans les hôtels du royaume soient importés de Thaïlande ou du Viêt-nam, la production locale ne satisfaisant visiblement pas les professionnels du tourisme. La semaine dernière, l’Institut économique du Cambodge (IEC) a rendu publique une enquête sur les raisons pour lesquelles les établissements touristiques recouraient autant aux importations de produits alimentaires tels que les fruits, les légumes ou encore le riz. Réalisée à la fin de l’an dernier, l’enquête repose sur des entretiens avec les directeurs et les responsables des achats et des cuisines d’une vingtaine d’hôtels quatre et cinq étoiles de Siem Reap et de Phnom Penh.
Selon ce sondage, seuls 52% des fruits proposés aux touristes sont produits localement. Parmi les fruits importés, 26% sont cultivés au Cambodge tandis que 22% ne sont pas disponibles sur le marché local. Au rayon des légumes, la part de la production locale se hisse péniblement à 55%. 13% des légumes proposés ne sont pas cultivés dans le royaume, 32% étant théoriquement disponibles. Le riz local s’en sort mieux, avec 80% de part de marché, mais il peut tout de même sembler paradoxal que 20% soient encore importés de l’étranger.
Pourquoi les produits étrangers continuent-ils de se tailler la part du lion dans les grands hôtels? S’agissant du riz, la question est avant tout esthétique : 67% des responsables expliquent que les clients préfèrent la forme du riz importé. Ce critère est également cité pour les fruits et légumes, mais c’est l’insuffisance de l’offre qui prédomine : 87% des sondés estiment que les fruits et les légumes sont importés à cause de la faiblesse de l’offre locale; 73% mettent en avant le fait que les légumes étrangers sont plus appétissants, une proportion qui tombe à 53% pour les fruits.
Pour Lim Visal, économiste à l’IEC, ces résultats mettent en lumière deux questions importantes : la forme des produits agricoles pas assez soignée au goût des clients, et la dimension essentiellement saisonnière de la production locale. “Nous pouvons cultiver des concombres, des choux, des pastèques, de la salade, des tomates, des goyaves, des oranges de décembre à mars, mais à partir du mois d’avril et jusqu’à novembre, nous importons presque tous nos fruits et légumes de Thaïlande ou du Viêt-nam. C’est un problème de technique : le Viêt-nam cultive ses terres à n’importe quelle saison, pas nous”, explique-t-il.
Malgré ces problèmes structurels du secteur agricole, les autorités pressent les professionnels du tourisme de mettre en valeur les produits khmers. Le secrétaire d’Etat au Tourisme Thong Khon a ainsi annoncé il y a quelques semaines que l’utilisation de produits locaux pourrait prochainement entrer en ligne de compte dans l’attribution des étoiles. Et le problème dépasse largement le seul secteur de l’alimentation. Le ministère du Tourisme estime ainsi que 35 à 40% des revenus de l’industrie du tourisme sont consacrés à l’achat de produits importés comme le savon, les serviettes ou encore les brosses à dents.
Ky Soklim