Deux bouddhistes de plus tués dans le sud de la Thailande
BANGKOK, 7 nov (AFP)07/11/2004 - 09:29
Deux bouddhistes de plus ont été tués dans le sud de la Thaïlande avant que le premier ministre Thaksin Shinawatra ne se rende dimanche dans la région en proie à un mouvement séparatiste islamique.
Deux hommes ont été tués par balles dans la province de Narathiwat où la tension reste vive après la mort de près de 90 musulmans lors d'une manifestation le mois dernier, a déclaré dimanche la police.
M. Thaksin devait participer dans la journée à une cérémonie dans un temple bouddhiste de la ville de Tak Bai, où se sont produits les incidents.
Accompagné du ministre de la défense Sumpan Boonyanun, le chef du gouvernement s'est auparavant entretenu avec des dirigeants économiques du sud.
"L'objectif de la journée est de remonter le moral des gens de Tak Bai", a expliqué le porte-parole du gouvernement, Jakrapob Penkair.
Des assassinats se produisent quasi quotidiennement dans le sud de la Thailande en proie à des violences indépendantistes de la minorité musulmane qui ont fait au moins 539 morts depuis le début de l'année.
Samedi, Paosan Tayamanon, 42 ans, a été tué dans son épicerie dans la province de Narathiwat par deux hommes qui se faisaient passer pour des clients. Un autre homme, Chan Monopak, 40 ans, a également été abattu par deux inconnus en moto samedi dans la même province.
La crise a connu une nouvelle escalade le 25 octobre avec la mort de 87 musulmans qui avaient manifesté violemment à Tak Bai. La plupart ont péri étouffés dans des camions des forces de l'ordre où ils avaient été entassés après les émeutes.
Des représailles contre les bouddhistes ont suivi. Les deux victimes de samedi appartenaient à la communauté bouddhiste qui représente environ 30% de la population des trois provinces du sud de la Thailande.
Panitan Wattanayagorn, professeur à l'université Chulalongkorn de Bangkok a noté que les attentats paraissaient de mieux en mieux préparés et coordonnés par des militants venus de groupes formés de séparatistes, de fondamentalistes musulmans et de chomeurs.
Comme les cibles les plus évidentes sont mieux protègées, depuis septembre, les militants s'en prennent à des "cibles molles", dit-il.
La gravité de la situation a amené M. Thaksin à annuler sa participation au Forum de coopération économiques Asie-Pacifique (APEC) prévu ce mois-ci au Chili.
Bien que critiqué par l'opposition pour sa ligne dure, le premier ministre a rejeté samedi toute négociation avec des séparatistes. Il a averti que quiconque serait trouvé en possession de fusils de guerre ou de bombe risquait la peine de mort.