L’enseignement du Bouddha suppose l’état monastique pour être compris et suivi à la lettre (Photo Jean-Louis Duzert)
Un Thaïlandais rend hommage au Bouddha en posant une fine feuille d'or sur une statue de l'Illuminé (Photo Jean-Louis Duzert)
RELIGION - Les Thaïlandais : Bouddhistes ou animistes ?
Entre "phis ", gris-gris et autres cultes des génies, il nous est souvent difficile de déterminer en Thaïlande où commence le bouddhisme et où il s’arrête. Mais pour une majorité de Thaïlandais, ce n’est pas un problème : tout cela relève d’une seule et même religion
Lorsqu’on arrive en Thaïlande, on remarque très vite une profusion d’idoles, rites et superstitions en tous genres. Alors, dans un pays bouddhiste à plus de 90 %, on est naturellement amené à y chercher un lien avec l’enseignement du Bouddha. Tout un programme ! Nombres de pratiques ici relèvent en effet davantage de l’animisme ou de la magie que de la voix du juste milieu. Pour autant, la plupart des Thaïlandais n’y voient là que bouddhisme.
Entre bouddhisme à la lettre...
C’est que la différence est grande entre le Livre et la réalité du commun des mortels. En effet, l’enseignement du Bouddha suppose l’état monastique pour être compris, suivi, et éventuellement mener au Nirvana. Aux laïcs, il conseille juste une vie simple, la générosité envers les moines et l’obéissance aux préceptes, leur laissant l’espoir d’une meilleure renaissance. Il n’y a pas vraiment là de quoi répondre aux soucis du quotidien comme assurer une bonne récolte, échapper aux "phis" (fantômes, esprits malfaisants) ou encore gagner à la lotterie.
...et bouddhisme populaire
Pourtant, si toute grande religion promet bonne fortune après le trépas, elle doit aussi s’intéresser au salut de ses fidèles dans leur vie présente. C’est pourquoi, pour prospérer en tant que religion, le bouddhisme a dû s’ouvrir davantage aux préoccupations des masses. Et s’implantant dans une région animiste, il en a donc admis les croyances comme l’observait en 1972 le Père Marcel Zago dans ses travaux sur le bouddhisme lao : "Le bouddhisme se désintéresse du monde présent, il a besoin de l’animisme qui lui s’en occupe, écrivait-il. Le Bouddhisme peut délivrer des angoisses essentielles tandis que l’animisme modifie le présent et intervient dans le monde actuel. Par le bouddhisme, les [hommes] cherchent une voie de salut hors de la vie ; par l’animisme le bonheur et la santé dans la vie."
Le bouddhisme vit donc en bonne intelligence avec d’autres croyances pour former un culte syncrétique plus proche des attentes populaires.
Source : http://www.lepetitjournal.com