Un caricaturiste expose sa vision de la démocratie en Thaïlande aujourdhui lors de la manifestation pour le vote blanc le 29 mars devant Siam Paragon (Photo Pierre Queffélec, LPJ Bangkok)
CRISE POLITIQUE - Chambre et Sénat : double impasse
Malgré des élections législatives partielles, la Chambre des Députés reste incomplète. Le suffrage sénatorial s’embourbe dans les plaintes et des mises en examen. Des décisions chocs semblent nécessaires pour sortir la politique thaïlandaise du blocage
Les élections législatives anticipées du 2 avril, provoquées en hâte, n’avaient pas permis de désigner la totalité des 500 députés en raison du boycott des trois grands partis d’opposition et du recours massif au vote blanc. Les élections complémentaires organisées dimanche dernier laissent encore quelques 15 sièges vacants. Et pour tenter d’y remédier, de nouvelles élections partielles ont été convoquées pour le week-end prochain.
Mais le temps presse. La Constitution prévoit en effet que la première réunion du Parlement doit intervenir dans les 30 jours à dater du scrutin. Et si l’assemblée reste incomplète d’ici au 2 mai, cela pourrait ouvrir la voie à une vraie crise constitutionnelle, et amener la Cour Constitutionnelle à statuer.
Au complet, la chambre serait fortement dominée par le Thai Rak Thai. En effet, selon des résultats non officiels, parmi les 485 députés élus au terme des scrutins des 2 et 23 avril, seuls 10 seraient issus de petits partis.
Que reste-t-il du Sénat ?
Côté Sénat, ce n’est guère plus clair. Selon l’esprit de la Constitution, la chambre haute est la clé de voûte du système de contre-pouvoirs et de contrôle du gouvernement. Elle doit se montrer indépendante et être composée de personnalités publiques sans affiliation partisane.
Le Sénat sortant avait pourtant déjà largement suscité des doutes quant à son indépendance vis à vis du gouvernement. Et le "nouveau" Sénat élu mercredi dernier semble ne pas présenter davantage de garanties d’impartialité. Nombre de candidats sont en effet soupçonnés d’entretenir des liens étroits, personnels ou autres, avec des mandataires ou factions politiques.
Mise sous pression, notamment par la PAD (People’s Alliance for Democracy), la Commission Electorale a finalement décidé la mise en examen de 165 des 200 candidats théoriquement élus, ce qui devrait considérablement retarder l’annonce de la composition du nouveau Sénat, initialement prévue lundi dernier.
Les prises de position de la Cour Constitutionnelle et de la Commission Electorale seront donc essentielles pour le futur du paysage politique thaïlandais. Problème : à l’instar du Sénat dont elles émanent, ces deux institutions ont déjà par le passé fait naître des doutes quant à leur indépendance. Une situation qui a de quoi remettre le feu aux poudres...
Olivier Soumeryn-Schmit. (LPJ - Bangkok) 26 avril 2006