Preah Vihear - Une concession sur 60 000 hectares toujours en attente d'un feu vert
03-05-2006
Cambodge Soir - La demande d'une concession sur 60 000 hectares de terres dans la province de Preah Vihear déposée l'an dernier par une société chinoise est toujours à l'étude, suscitant une certaine inquiétude chez les habitants des communes concernées. A l'origine, la société Sui Gadg Investment and Development Co Ltd souhaitait obtenir 90 000 hectares pour y cultiver principalement des hévéas. Mais elle a dû revoir ses prétentions à la baisse, d'autres sociétés ayant déjà obtenu des concessions, notamment forestières, dans ce secteur.
Dans une étude établie en fin d'année dernière, il est noté que les terres voulues en concession par cette compagnie se situent dans deux zones différentes et concernent 13 communes où les habitants vivent en communauté et travaillent la rizière. Selon cette étude, l'ensemble des autorités locales ainsi que les experts ont donné leur feu vert à ce projet d'investissement. “En tant que responsable de province, nous accueillons toujours favorablement les projets d'investissement car ceux-ci permettent à nos populations d'obtenir du travail. Mais la décision finale revient maintenant au gouvernement”, explique Kann Vuthy, vice-gouverneur de la province de Preah Vihear.
Certains habitants des districts concernés (Tbèng Meanchey, Chey Sen, Chhèb, Ror Veang et Sangkum Thmey), où vivent principalement des Kuoy, ne sont pas très favorables à ce projet d'investissement, assure Ang Cheatlom, directeur exécutif de l'ONG Bouddhism for a Progressive Society (BPS) : “Ils ont peur que ce projet les lèse de leurs terres”, rapporte-t-il. Le gouverneur assure pour sa part que les exploitants dont les terres seraient englobées dans la concession seront indemnisés.
Depuis la réalisation de cette étude en novembre 2005, le dossier n'aurait semble-t-il pas suscité de nouvelles discussion avec les autorités locales. Uk Sokhonn, sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Agriculture, confirme que la demande de la compagnie a bien été reçue par son administration mais que, pour l'instant, “le gouvernement n'a pas encore fait connaître sa décision”. Une décision qui n'appartient pas au ministère de l'Agriculture, explique It Nody, sous-secrétaire d'Etat chargé des projets d'investissements. “Quand cela concerne des projets de concessions de plus de 10 000 hectares, alors la décision ne nous revient plus. Il faut que le Conseil des ministres donne son feu vert”, précise le fonctionnaire.
Ung Chansophea