(Photo Pierre Queffélec - LPJ Bangkok)
ECO - Les Thaïlandais se font du soucis
Les expressions emblématiques telles que sanouk, sabai sabai ou encore mai pen rai sont de moins en moins de rigueur en ces temps troublés. Flambée des prix du pétrole et crise politique ont considérablement éprouvé l’insouciance des Thaïlandais, tandis que l’économie elle aussi montre des signes de faiblesse
La crise politique et la flambée des prix du pétrole minent le moral des consommateurs et la confiance des marchés. Plusieurs études sur la consommation ou sur la santé réalisées ces dernières semaines révèlent en effet que les Thaïlandais sont particulièrement stressés ces temps-ci, surtout à Bangkok. Les indices de confiance ont chuté de manière spectaculaire ces derniers mois avec un pic atteint en avril au plus haut de la tension politique.
Ralentissement économique et augmentation du chômage sont désormais les principales préoccupations des Thaïlandais, suivis par la crise politique. L’augmentation record et continue des prix de l’essence et une inflation croissante ressentie sur le prix des biens de consommation ont sérieusement mis a mal les porte-monnaies. Les Thaïlandais réfrénent leur habitudes et modifient leur style de vie. Moins de shopping, de sorties nocturnes, d’activités de confort ou ludiques telles que le karaoké, le cinéma ou encore les massages. De quoi générer un sérieux impact sur le moral de ces consommateurs acharnés que sont les Thaïlandais.
En revanche, certains sondages montrent que dans le même temps, ils seraient de plus en plus nombreux à faire attention à leur santé et au développement de leur compétences professionnelles, ce qui semble dénoter une préoccupation plus marquée pour l’avenir.
Les projets en stand-by
Le milieu des affaires n’est bien entendu pas épargné. Nombre d’investisseurs étrangers adoptent une attitude attentiste depuis le début de la crise politique. Et depuis plusieurs semaines, le gouvernement intérimaire doit s’échiner à convaincre que les projets engagés comme les Mégaprojets ou encore la série de mesures annoncées destinées a dynamiser l’économie sont toujours à l’ordre du jour. Sans quoi, la confiance risque de flancher pour de bon, ce qui n’est pas de très bonne augure dans un pays dont l’économie repose pour beaucoup sur l’investissement étranger. Enfin, le ministère des Finances ne cache pas ses craintes de voir le secteur privé devenir frileux sur les nouveaux investissements si la situation perdure.
Avec l’annulation la semaine dernière des élections du 2 avril – qui auront coûté 2 milliards de bahts - la Thaïlande ne peut espérer avoir un gouvernement de plein exercice avant le mois d’août. Pendant ce temps, l’économie du pays poursuit sa dérive, emportant avec elle le sourire des Thaïlandais.
Pierre Queffélec (LPJ Bangkok) mardi 16 mai 2006