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| | Perspective Cambodgienne | |
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Thaïlande - Cambodge Rang: Administrateur
Nombre de messages : 5571 Date d'inscription : 08/08/2004
| Sujet: Perspective Cambodgienne Jeu 18 Nov - 12:49 | |
| L’Editorial Chers Lecteurs et Lectrices Nous avons le plaisir de vous annoncer la parution de Perspective Cambodgienne. Il s’agit d’une revue, dont le rythme de publication suit principalement les cadences des évènements au Cambodge, qui propose des analyses sur des sujets à la fois économiques, sociaux et politiques. Dans le souci de faciliter la lecture, nous essayons de vous proposer, dans la mesure du possible, cette revue en deux versions : anglaise et française. Bien entendu, si les auteurs rédigent leur article en deux langues, sa parution peut se faire d’emblée en double version. Cette revue n’a aucune filiation politique. Elle a pour seul objectif d’analyser les problématiques sociales, économiques et politiques du Cambodge dans une perspective Cambodgienne. Ce premier numéro vous propose un article sur la pauvreté au Cambodge. Nous souhaitons remercier ses auteurs, Odam Khemmaridh et Meas Chanthou, qui ont su aborder ce sujet sous l’angle à la fois socio-économique, juridique et politique. Grâce à leur analyse multidimensionnelle, nous pouvons mesurer les conséquences de la pauvreté non seulement sur le plan de développement humain mais aussi sur l’exercice des droits civils et politiques des Cambodgiens. Nous exprimons une fois de plus nos remerciements et appréciations à Monsieur Odam Khemmaridh et Mademoiselle Meas Chanthou, tous deux issus de la jeune génération, qui ont bien voulu nous partager leur travail d’analyse. Qu’il nous soit permis d’encourager la jeune génération, notamment des Neary Khmères comme Mademoiselle Meas Chanthou, à partager leur travail et passion avec la communauté khmère, les Amis du Cambodge et simplement tous ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur le Cambodge d’une manière générale. Cambodian Perspective / Perspective Cambodgienne se chargera de publier leurs écrits. Chhum Daravuth Responsable de la coordination de Cambodian Perspective / Perspective Cambodgienne. Cambodian Perspective/Perspective Cambodgienne ______________________
Les Conséquences de la Pauvreté sur l’exercice des Droits/Devoirs de Citoyens au Cambodge par Odam Khemmariddh *8 et Meas Chanthou * La pauvreté, qui s’est développée depuis plus d’une décennie, semble devenir un problème majeur au Cambodge. En plus du SIDA, ce phénomène de pauvreté est en phase de devenir un fléau endémique dans ce pays. Non seulement il touche désormais une partie importante de la population Cambodgienne mais il peut avoir aussi des conséquences considérables sur l’exercice des droits les plus fondamentaux. Ce présent article tente de rechercher les facteurs ayant conduit le Cambodge à cette situation peu réjouissante, et d’évaluer les conséquences de cette pauvreté sur les libertés civiles et politiques des Cambodgiens. Comme il a été annoncé brièvement ci-dessus, les auteurs souhaitent défendre l’hypothèse selon laquelle il y a une interdépendance des droits humains. Ils sont persuadés que la violation d’un droit fondamental entraîne automatiquement celle des autres. La pauvreté au Cambodge Le nombre de Cambodgiens vivant au-dessous du seuil de pauvreté a fortement progressé. Comme il a été signalé dans les rapports de la Banque et du Fond Monétaire International, le nombre de personnes vivant avec moins de US$ 1 par jour a atteint 43% de la population totale, contre 38% en 1998. Le pire est à venir car, selon les prévisions de ces institutions, ce chiffre devrait atteindre 45% en 2005. Cette situation semble apparemment paradoxale, alors que l’aide internationale progresse pour atteindre environ US$ 2 milliards au cours de ces dix dernières années. L’évolution de l’indice de pauvreté est en forte hausse avec celle de l’aide internationale (voir la représentation schématique ci-dessous), alors que la tendance devrait évoluer à la baisse parallèlement à la progression de l’aide internationale. Face à ce constat, on est en droit de se poser la question, à savoir pourquoi et comment il existe une telle corrélation positive aussi forte entre ces deux variables. *8 Nous tenons à remercier Monsieur Chhum Daravuth pour nous avoir faits honneur de publier notre présent article dans le premier numéro de Cambodian Perspective / Perspective Cambodgienne. Aussi, nous tenons à souligner que nous restons entièrement responsables des points de vue développés dans cet article. Cambodian Perspective/Perspective Cambodgienne | |
| | | Thaïlande - Cambodge Rang: Administrateur
Nombre de messages : 5571 Date d'inscription : 08/08/2004
| Sujet: suite Jeu 18 Nov - 12:49 | |
| Représentation schématique de l’évolution de l’aide internationale et la pauvreté au Cambodge* Indice de pauvreté : nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté / population totale. * faute d’avoir toutes les données annuelles, ce graphique devrait être interprétée dans une logique illustrative. La principale explication de cette forte corrélation entre ces deux variables vient du fait que l’aide internationale, généreusement financée par l’argent du contribuable des pays donateurs, a été très mal utilisée. De toute évidence, cette aide si précieuse n’arrive pas à ceux qui en ont besoin, à savoir la majorité de la population. Elle a été détournée à des fins personnelles et politiques. Le gouvernement en place, très préoccupé par des manoeuvres politiques visant à renforcer sa position, semble très peu enclin à résoudre le problème de la pauvreté. Ce manque de volonté est si évident que seulement 8% du montant d’aide internationale ont été consacrés au développement rural9, alors que 80% de la population Cambodgienne vivent dans la pauvreté, dépendant totalement de l’agriculture. Actuellement, si 36% du territoire est jugé cultivable (6,5 millions d’hectares), seuls 2,4 millions d’hectares sont exploités, pour 0,3 millions d’hectares de terres irriguées. Faute d’avoir un accès à des aides financières pour développer des systèmes d’irrigation suffisants, les paysans sont placés dans une situation de totale dépendance vis-à-vis des aléas climatiques. Aujourd’hui, la majorité d’entre eux sont menacés de famine en raison de la sécheresse répétée. On apprend dans la presse que quelque 10 000 familles manquent déjà de nourriture10. La situation risque de se dégrader davantage avec une faible croissance économique en perspective. Selon la Banque Mondiale, l’économie Cambodgienne devrait enregistrer une croissance seulement de 2,4% en 2005, contre 5,2% l’an dernier11. 9 Clémentine Wallace : « Sombres perspectives, selon le FMI », Cambodge Soir du 5 Août 2004. 10 Ky Soklim : « Avec la sécheresse, des risques de disette », Cambodge Soir du 8 Novembre 2004. 11 Luke Reynolds : « Bank Predicts Slower Growht for Economy », The Cambodia Daily, November 10, 2004. Cambodian Perspective/Perspective Cambodgienne ______________________ Les perspectives économiques et sociales du Cambodge ne sont guère optimistes. L’expiration de l’accord multifibre, garantissant aux entreprises étrangères implantées au Cambodge dans l’industrie du textile d’accéder aux marchés américains à des conditions avantageuses, risquerait de mettre en péril 240 000 emplois12. La fermeture de certaines de ces entreprises entraînera un gonflement de la masse des chômeurs, qui à leur tour vont amplifier le phénomène de pauvreté. L’accroissement de la pauvreté va avoir des impacts non seulement sur le plan de développement humain et les conditions de vie de la population Cambodgienne mais aussi sur leurs libertés civiles et politiques. Les conséquences de la pauvreté sur l’exercice des droits/devoirs civils et politiques Dans cette partie, nous tentons de démontrer que le manque, pour ne pas dire l’absence délibérée, de volonté politique de résoudre le problème de pauvreté constitue une violation contre les droits humains les plus fondamentaux. Car une personne, privée d’un droit fondamental, ne pourra exercer pleinement ses devoirs de citoyens. Comme nous l’avons signalée en introduction, cette répercussion vient de l’hypothèse d’interdépendance entre les droits que nous avons voulu démontrer. Adopté en 1966 et entré en vigueur en 1976, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels est l’un des piliers du droit international en matière de droits de l’homme. Il reconnaît notamment le droit au travail, dans des conditions justes et favorables; le droit à la protection sociale et à un niveau de vie suffisant; le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale; le droit à l'éducation; et le droit de participer aux activités culturelles et de bénéficier du progrès scientifique. Réaffirmés à plusieurs reprises par les hautes instances des Nations Unies, ces droits sont partie intégrante de la dignité de chaque personne. Comme l’être humain, ils forment un tout indivisible. De ce fait, les droits de l’homme sont interdépendants dans le sens où la réalisation d’un droit dépend souvent de la réalisation d’autres droits. Compte tenu de ces principes essentiels, comment expliquer que la pauvreté est un facteur générant une exclusion en termes de libertés civiles et politiques pour ceux qui en sont victimes ? Selon le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, créé en 1985 par le Conseil économique et social des Nations unies, la pauvreté se définit comme « la condition dans la quelle se trouve un être humain qui est privé, de manière durable ou chronique, des ressources, des moyens, des choix, de la sécurité et du pouvoir nécessaires pour jouir d’un niveau de vie suffisant et d’autres droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux 13». Il est clair que, d’après cette définition, des personnes vivant dans une extrême pauvreté ne peuvent, dans la plupart des cas, bénéficier de toute série de droits. Elles n’ont accès ni aux soins médicaux, ni à l’enseignement. De même, leur accès à l’information, aux services de la justice ou des instances administratives est restreint voire même impossible en raison de l’analphabétisme et de la marginalisation dont elles sont victimes. 12 Chiffres annoncé in Luke Reynolds, op. cit. 13 ONU : « La Pauvreté et le Pacte International relatif aux Droits économiques, sociaux et culturels », 2001- E/C.12/2001/10. Cambodian Perspective/Perspective Cambodgienne | |
| | | Thaïlande - Cambodge Rang: Administrateur
Nombre de messages : 5571 Date d'inscription : 08/08/2004
| Sujet: suite Jeu 18 Nov - 12:50 | |
| De ce fait, la pauvreté constitue un facteur d’exclusion. Et cette exclusion ne se ressent pas uniquement sur le plan socio-économique mais aussi au niveau civil et politique. Des personnes vivant dans une extrême pauvreté ne peuvent exercer pleinement leurs droits et devoirs de citoyens dans la mesure où leur choix politique est souvent conditionné par leur situation économique et sociale. Les paysans, souvent victimes des expropriations, les chômeurs, et les familles vivant dans des ghettos aux alentours des grandes villes constituent un « pool » d’électeurs potentiels pour la classe dirigeante en place. On a vu, lors des campagnes électorales, se multiplier des dons épisodiques, financés par la corruption et/ou les détournements de l’aide internationale, dans les campagnes Cambodgiennes pour orienter le choix des électeurs « affamés ». En dehors des périodes électorales, ce « pool d’électeurs » est constamment encadré par des chefs de villages, qui sont souvent désignés secrètement par les autorités en place. Ils sont convoqués deux fois par mois, en moyenne, pour recevoir des consignes politiques et policières des antennes politiques de l’Etat-PPC. Dans ces conditions, on peut soulever la question de la « valeur » des votes électoraux des citoyens bridés par la misère et l’ignorance et, partant de là, de la « légitimité » des élus issus des suffrages de ce type. Il est évident que la pauvreté peut être un phénomène entretenu par les autorités gouvernementales afin d’anéantir la « résistance politique » et de marginaliser une partie importante de la population de la vie politique du pays. Dans ces conditions, l’absence délibérée ou même le simple manque de volonté politique de résoudre les problèmes de pauvreté est contraire aux principes de la démocratie, et constitue même une violation des Droits de l’Homme et des Citoyens. Il est donc urgent que les institutions internationales, organisations non gouvernementales et pays donateurs, qui fonctionnent selon les principes de la démocratie, prennent des mesures nécessaires afin de juguler ce phénomène de pauvreté. Il n’est pas tolérable de laisser perdurer cette pratique de détournement d’aide internationale, pourtant financée par l’argent des contribuables des pays donateurs, au profit des intérêts de la classe dirigeante autoritaire. L’Etat-PPC, pourtant signataire du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels 14 , ne peut persister à annoncer des déclarations d’intentions de lutte contre la pauvreté. Le temps de démagogie est révolu et il faudrait désormais définir et mettre en application de mesures concrètes pour démontrer la réelle volonté du gouvernement à lutter contre ce fléau. Les mesures annoncées par la Banque Mondiale visant à mettre sous conditions l’aide internationale avec les progrès en matière de l’application des réformes économiques, sociales et démocratique sont un des moyens pour lutter efficacement contre la pauvreté, qui est en passe de devenir un fléau au Cambodge. Aussi, l’orientation directe de l’aide internationale vers les plus démunis constitue également une manière de garantir sa bonne utilisation. 14 A ce jour (Novembre 2004), on compte 150 pays signataires, dont le Cambodge. Voir le site internet http://www.droitshumains.org/ONU_GE/Comite_Drteco/Somm_Drteco.htm | |
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