Le roi-père et Hun Sen s’affichent en bons termes ...

Politique - Le roi-père et Hun Sen s’affichent en bons termes sur la monarchie


05-06-2006
Cambodge Soir - Les téléspectateurs auront pu voir, samedi soir sur la chaîne TVK, un roi-père aimable envers le Premier ministre Hun Sen, alors qu'ils partageaient, avec leurs épouses respectives, la même table à l'occasion d'un dîner que donnait vendredi soir Norodom Sihanouk au Palais royal en l'honneur des hautes personnalités du gouvernement. L'ancien monarque a très vite annoncé qu'il ne parlerait pas de politique, comme il l'avait répété à son retour au Cambodge le 26 mai, “puisque j'ai pris ma retraite”, a-t-il fait valoir. Appelant à tout faire pour demeurer “ensemble dans une grande famille”, il a déclaré aimer son “cher” Hun Sen “comme [son] fils”, “si Samdech l'accepte”. “Personne ne peut égaler Hun Sen, qui a beaucoup de réalisations à son compte. Il s'efforce de travailler le jour et la nuit”, s'est ainsi enflammé le roi-père, concluant qu'il était prêt à soutenir Hun Sen “pour qu'il dirige la nation jusqu'à la fin de ses jours”.

Hun Sen a ensuite pris la parole pour retourner au roi-père le respect qu'il lui porte. Il a ainsi évoqué sa fidélité à Norodom Sihanouk depuis les premières heures, et son choix de le soutenir en 1970, après le coup d'Etat de Lon Nol qui l'avait renversé. Il est également revenu sur leur rencontre en 1987 dans la bourgade de Fère-en-Tardenois, en France, et les difficultés qui ont émaillé le chemin vers ces négociations. Et pour preuve de sa loyauté envers Norodom Sihanouk, il a expliqué “avoir tout fait pour défendre la deuxième monarchie”. “Aucun pays dans le monde où la monarchie a été abolie ne l'a vu renaître comme cela fut le cas au Cambodge”, s'est-il enorgueilli.

Cette apparente bonne entente entre les deux leaders aux relations souvent difficiles marque-t-elle une nouvelle étape? Pour Lu Lay Sreng, ministre du Développement rural, présent au dîner, cette scène “renvoie une bonne image du pays à la population et à la communauté internationale”. Et si par le passé les désaccords entre Norodom Sihanouk et Hun Sen ont été nombreux, le ministre estime que, à l'image d'un couple, il leur arrive de ne pas s'entendre sur des détails sans importance mais de toujours s'accorder sur les affaires importantes.

Khieu Kahnarith, porte-parole du gouvernement, a relevé pour sa part qu'il s'agissait de la première fois que Norodom Sihanouk disait considérer Hun Sen comme “son fils naturel et non comme un simple filleul”. Il balaie du revers de la main les allégations de relations difficiles entre les deux hommes, affirmant que “ceux qui les colportent prient en fait pour qu'ils se querellent”.

Ce dîner ne changera pas le cours des choses, juge quant à lui Hang Puthea, directeur de l'organisation d'observation électorale Nicfec. “Le roi a affirmé soutenir Hun Sen parce qu'il ne peut pas dire autrement. Bien qu'il dise ne pas se mêler de politique, le roi-père ne peut s'empêcher d'être inquiet pour la situation du pays. Or ce dîner n'a pas montré que tous les problèmes du pays s'étaient envolés”.

Et si Norodom Sihanouk a glissé que Hun Sen pouvait indéfiniment rester à la tête du gouvernement, il n'en demeure pas moins, rappelle l'élu du PSR Kéo Rémy, que, “selon la loi électorale, ce sont les résultats issus des urnes qui en décideront”.

A peine rentré au Cambodge, Norodom Sihanouk semble avoir cherché à désamorcer ostensiblement toute spéculation de crise entre Hun Sen et la monarchie.

Ky Soklim