Le parti au pouvoir en Thaïlande a violé la loi électorale
LEMONDE.FR | 22.06.06 | 19h42 • Mis à jour le 22.06.06 | 20h17
La Commission électorale a déterminé que le parti du premier ministre thaïlandais a "enfreint deux lois sur les partis politiques", agissant ainsi contre "l'ordre démocratique" et constituant "une menace pour la sécurité nationale", a indiqué le porte-parole du bureau du procureur général, jeudi 22 juin. Le Thai Rak Thai (TRT) est accusé d'avoir triché au scrutin du 2 avril en finançant indûment des petits partis.
Le premier ministre, Thaksin Shinawatra, avait convoqué des législatives anticipées en réponse à des protestations massives contre son gouvernement, mais le boycott des trois principaux partis d'opposition avait laissé son parti, le TRT, sans adversaire dans de nombreuses circonscriptions. Dans ce cas, la loi thaïlandaise prévoit qu'il faut atteindre 20 % de suffrages pour emporter un siège. Le parti du premier ministre aurait tenté de la contourner en demandant à des petits partis de faire de la figuration.
Le bureau du procureur général envisage de se réunir vendredi 23 juin pour décider s'il transfère le dossier à la Cour constitutionnelle, a ajouté son porte-parole, Attapon Yaisawaung. Si celle-ci confirmait que le TRT a acquis sa victoire du 2 avril par des moyens "inconstitutionnels", la formation qui domine la vie politique thaïlandaise depuis 2001 pourrait être dissoute. Ses membres, dont Thaksin Shinawatra, seraient alors interdits de participer aux nouvelles élections, prévues le 15 octobre.
Jeudi, le porte-parole du TRT, Pimuk Simaroj, cherchait à ne pas paraître trop inquiet, promettant surtout la "coopération" du parti avec les autorités judiciaires. Les partis d'opposition ne versaient pas dans le tromphalisme, les conséquences pour le TRT dépendant encore de l'attitude de la Cour constitutionnelle.
DÉMISSION D'UN VICE-PREMIER MINISTRE
Les élections du 2 avril ont été annulées le 8 mai par la Cour constitutionnelle après un coup de semonce du roi. Malgré les manœuvres du Thai Rak Thai et deux tours de scrutin, quatorze sièges n'avaient pas été attribués et le nouveau gouvernement n'a pas pu être formé. Le blocage politique que M. Shinawatra voulait lever en convoquant des élections a perduré.
Cette décision intervient au lendemain de la démission d'un de ses six vice-premiers ministres, Wissanu Krea-Ngam. Ce technocrate était un conseiller juridique de longue date du premier ministre, dans les procédures qui visent son parti depuis les élections. Il l'aidait aussi à se défendre dans l'affaire de la revente supposée frauduleuse de parts de son empire familial de télécommunications, Shin Corp., affaire qui avait déclenché les protestations puis les élections anticipées.
Bien qu'il n'ait rien dit de ses raisons, le départ de Wissanu Krea-Ngam a été lu comme une prise de distance avec les affaires visant le premier ministre. Celui-ci aurait pu vouloir éviter d'en être un bouc émissaire.
Avec AP