Confection - Des ouvrières peu au fait du préavis de grève déposé pour le 3 juillet
28-06-2006
Cambodge Soir - C'est l'heure de la pause de midi. Le long de la route nationale 2, une quarantaine d'ouvrières de quatre usines de confection du quartier Chak Angrè Leu, déjeunent non loin de leur lieu de travail. Interrogées sur le préavis de grève en faveur de la hausse du salaire minimal des ouvriers à 80 dollars déposé par le Siorc pour le 3 juillet, elles expriment des avis partagés, nombre d'entre elles ignorant même la date qui a été arrêtée.
La peur de ne pas toucher le salaire
Au milieu d'un groupe d'une dizaine d'ouvrières de l'usine Chap Man, Chan Sophea assure qu'elle, pas plus que ses collègues, n'ont été tenues informées de l'organisation de la grève et qu'elles n'envisagent donc pas pour l'heure d'y participer. Ces dix ouvrières approuvent globalement le principe de la grève, mais elles ne souhaitent pas y participer le 3 juillet, car elles redoutent que leurs salaires, normalement versés entre le 6 et le 10 juillet, ne leur soient pas payés. “Si la grève a lieu après la paie, j'y participerai sûrement. Mais si c'est le 3 juillet, j'ai trop peur de ne pas la toucher”, lance Kiet Dary en interrompant ses collègues. Chan Sophea, elle, estime qu'il vaudrait mieux privilégier la voie de la négociation, et ne faire grève qu'en ultime recours. “Quand on fait grève, les deux parties sont perdantes. Nous voulons obtenir un meilleur salaire, mais si on fait trop souvent grève, les entreprises menacent de s'en aller”, argumente-t-elle en reprenant à son compte les menaces régulièrement brandies par les patrons d'usines du pays.
Rong Sareit, ouvrière à Mondotex, dit avoir entendu parler de cette grève, mais elle et ses collègues demeurent sceptiques. Elle précise immédiatement vouloir y participer pour revaloriser son salaire, avant de tempérer son enthousiasme : “Je préférerais qu'on négocie avant. Mais si aucune solution n'est trouvée, alors il faut faire grève”. Nov Chanthy, qui travaille à Suprem Choice, a entendu parler de la grève mais aucune de ses collègues n'en connaît visiblement la date. Quoiqu'il en soit, elle en sera, c'est certain, assure-t-elle. Un petit groupe de six ouvrières de Takfat ne sont pas davantage au courant de ce qui se prépare dans les couloirs du Siorc, mais elles témoignent du même enthousiasme : elles feront grève le 3 juillet, si c'est bien la date qui a été choisie. L'une d'entre elle, mère d'un enfant en bas âge, explique que son salaire de 70 dollars, heures supplémentaires comprises, est largement insuffisant pour régler son loyer de 30 dollars, l'électricité, l'eau ou encore la nourriture... Et si pour cela il faut arrêter de travailler, elle fera grève elle aussi, sans hésiter.
Ky Soklim