L'AFA, une "nouvelle voie pour l'adoption"
Propos recueillis par Alexandra GUILLET
Famille : L'AFA, une "nouvelle voie pour l'adoption" [Cliquez ici pour agrandir cette image] L'agence française de l'adoption (AFA) devait être inaugurée ce midi à Paris par les ministres des Affaires étrangères, de la Santé et de la Justice. Elle aura pour mission d'aider les familles à monter leurs dossiers et de rassurer les pays d'origine des adoptions. Sa directrice, la magistrate Laure de Choiseul, répond aux questions de LCI.fr.
Mis à jour le 18 mai 2006 à 13h13
LCI.fr : A quoi va servir l'Afa ?
Laure de Choiseul : L'AFA est une troisième voie pour l'adoption. Jusqu'à présent les familles n'avaient le choix que de passer par un OAA, organismes agréés pour l'adoption, ou d'entamer une démarche individuelle. Il faut savoir que ces OAA, au nombre de 40, sont gérés par des bénévoles dont les capacités sont limitées. Du coup, ils sont obligés de sélectionner les dossiers. Ils prennent en charge 38% des adoptions internationales.
Les 62 autres pourcents de candidats à l'adoption se retrouvent obligés d'engager une démarche individuelle assez aléatoire. C'est toute une aventure, d'autant que certains pays sont fermés à l'adoption individuelle, tels la Chine, le Vietnam ou certaines régions de Russie. Le but de l'AFA va être de donner une autre chance à toutes ces familles qui souhaitent adopter un enfant.
Laure de Choiseul
LCI.fr : combien de demandes d'adoptions sont formulées chaque année ? Combien aboutissent ? L.de C. : On estime qu'il y a 25 000 candidats en attente en France. Chaque année, 8000 personnes bénéficient d'un agrément, délivré par les services sociaux des conseillers généraux. Il s'agit d'une enquête sociale et psychologique, véritable passeport pour l'adoption.
L.de C. :
On estime qu'il y a 25 000 candidats en attente en France. Chaque année, 8000 personnes bénéficient d'un agrément, délivré par les services sociaux des conseillers généraux. Il s'agit d'une enquête sociale et psychologique, véritable passeport pour l'adoption.
Par ailleurs, il y a 5000 adoptions par an, 1000 parmi les pupilles de l'Etat et 4000 à l'étranger. C'est beaucoup moins que dans d'autres pays. Nous savons par exemple que la France adopte 500 enfants en Chine par an, quand l'Espagne en adopte 1000. Peut-être qu'en préparant mieux leurs dossiers, les familles françaises auront plus de chance.
LCI.fr : Justement, de quelle manière l'AFA va-t-elle intervenir pour aider ces familles ?
L. de C. : Notre premier rôle sera d'informer les familles sur les réalités de l'adoption internationale. Les législations locales bougent beaucoup. Les exigences en matière de documents aussi. Nous allons les orienter dans leur démarche, les accompagner dans le montage des dossiers. Pour que cela se fasse au plus près de chez eux, un correspondant va être nommé dans chaque département. Et puis, à l'étranger, lorsqu'un apparentement leur aura été proposé, ils seront épaulés par un correspondant AFA.
Les principaux pays où les Français
adoptent
LCI.fr : Quels seront les pays où vous aurez des correspondant locaux ?
L. de C. : Dans tous les principaux pays où la France adopte (ndlr: cf carte). Dans un premier temps, il s'agira des pays ayant ratifié la Convention de La Haye car nous n'aurons pas de démarches à faire en tant qu'agence d'adoption. En revanche, pour les pays qui n'ont pas ratifié la convention, nous devons avoir une accréditation. Les démarches sont un peu plus compliquées, comme en Russie. Nous y sommes encore allés la semaine dernière. L'accréditation devrait intervenir dans le courant de l'automne.
LCI.fr : Pourquoi est-ce plus compliqué avec ces pays là ?
L. de C. : Ces pays cherchent à développer leur adoption interne. La Chine est par exemple en train de connaître un développement fabuleux. Elle a pris conscience de la richesse de ses enfants, donc elle ne cherche pas à augmenter l'adoption internationale. En revanche, son souci, c'est que les enfants qui partent de chez elle soient le mieux traités possible. Elle est donc très soucieuse de la qualité des dossiers qui lui sont adressés. La chance pour nous, c'est qu'elle est consciente que la procédure d'agrément existant en France est quelque chose de très sérieux et qu'ensuite, l'AFA va envoyer des dossiers biens remplis, correspondant aux besoins légaux de ce pays.
LCI.fr : l'AFA s'est également engagé à assurer un suivi, en France, des enfants adoptés ?
L. de C. : Oui, cela fait effectivement partie des principaux axes de la loi du 4 juillet 2005. A chaque fois que nous nous sommes déplacés, notamment en Chine et en Russie, ils ont beaucoup insisté sur l'envoi des rapports de suivi. La Chine en exige deux, l'un au bout de six mois, l'autre au bout d'un an. Ils seront directement transmis par l'AFA, car la difficulté n'est pas tant de les réaliser que de les envoyer ensuite aux bonnes personnes.
De son côté, la Russie exige quatre rapports de suivis dans les trois premières années. Comme c'est une fédération, il faut savoir trouver les personnes compétentes. C'est important d'assurer ces engagements là, de s'assurer que les documents arrivent où ils doivent arriver, sinon cela pénalisera les générations d'adoptants suivantes. C'est la crédibilité de l'agence qui sera directement en cause.
Coordonnées de l'AFA :
19 boulevard Henri IV, 75004 Paris
Tel : 01 46 78 61 40