Une nouvelle plainte pour diffusion de fausses nouvelles inquiéte les ONG
13-07-2006
Cambodge Soir - Dam Sith, directeur du journal d'opposition Moneakseka Khmer, “La Conscience khmère”, a été entendu hier par le procureur de la cour municipale de Phnom Penh dans le cadre de la plainte déposée contre lui par un avocat du gouvernement pour diffusion de fausses informations à l'encontre du ministre du Conseil de ministres Sok An. Dans un article publié le 13 juin, le journal, citant une source anonyme, avait stigmatisé la corruption au sein du gouvernement. Dans cet article était également mis en avant le pouvoir dont jouissaient, au sein du PPC et du gouvernement, Sok An et ses proches au détriment de Chea Sim et des siens
“On m'a accusé d'avoir écrit un texte incitant à une scission du PPC. J'ai refusé cette accusation inacceptable”, a indiqué le directeur du journal à ses confrères qui l'attendaient à la sortie de son audition par le procureur. Dam Sith a par ailleurs souligné que l'article 2 de la loi sur la presse de 1995 garantissait aux journalistes le droit de protéger leurs sources. Il s'est par ailleurs étonné qu'au lieu de l'envoyer en justice, la personne offensée n'ait pas utilisé le droit de réponse prévu par l'article 10 de la loi sur la presse. “Je ne m'inquiète pas pour ma sécurité. Je m'inquiète seulement du traitement que me réserve la justice. Je ne sais pas si mon affaire sera jugée avec équité”, a ajouté le journaliste, selon qui le procureur a jugé recevables ses réponses. Long Norin, avocat du gouvernement, a indiqué que la plainte était maintenue et qu'il s'en remettait à la justice.
Cette nouvelle plainte pour “diffusion de fausses nouvelles” inquiète l'Alliance pour la liberté d'expression au Cambodge (Afec), un collectif de 28 ONG. Selon l'article 62 de la loi pénale transitoire de l'Apronuc de 1992, ce délit est passible d'une peine allant de 6 mois à 3 ans de prison et d'une amende de 1 million à 10 millions de riels. Récemment, soi-disant en signe d'ouverture, le gouvernement a fait supprimer les peines de prison pour le délit de diffamation, tel que le prévoyait l'article 63 de la loi pénale. Le recours à l'article 62 efface la largesse d'esprit dont le gouvernement voulait se prévaloir en supprimant les peines de prison pour le délit de diffamation, jugent ces ONG. Selon l'Afec, “les poursuites contre les journalistes doivent être fondées sur la loi sur la presse de 1995. Dans ce cas les peines encourues seraient inférieures à celles prévues par la loi pénale. Il pourrait être alors demandé au journal de publier un correctif et/ou de payer une amende allant de 250 à 1250 dollars. Mais, quoi qu'il en soit, en ce qui concerne une personne publique, il doit être prouvé que la diffusion des supposées fausses informations [publiées dans le journal] avaient pour volonté délibérée de nuire”, écrit l'Afec dans un communiqué.
Duong Sokha
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