L'institut économique présente au public son enquête sur la corruption
19-07-2006
Cambodge Soir - L'enquête sur la corruption dans le secteur privé conduite par l'Institut économique du Cambodge (IEC) a fait l'objet hier d'une présentation publique, en présence de représentants du secteur privé, du monde syndical et d'élus. Selon cette étude réalisée auprès de 1200 entreprises et auprès de fonctionnaires, les entreprises paieraient chaque année quelque 330 millions de dollars de frais “officieux”. A ce manque à gagner pour les caisses de l'Etat s'ajouteraient environ 70 millions de perte en raison d'un système de taxes inadéquat. Avec cet argent, l'Etat pourrait payer ses fonctionnaires de l'ordre de 130 dollars à 150 dollars par mois, estiment les économistes de l'IEC.
Pour Rong Chhun, président de l'Association des enseignants indépendants du Cambodge, ces 330 millions de dollars ne représentent qu'une partie de l'argent qui s'évapore dans la corruption. “Si on ajoute l'argent qui disparaît dans le secteur public, les pertes pour l'Etat sont encore plus importante”, note le syndicaliste. A la tête de la lutte pour une augmentation du traitement mensuel des fonctionnaires à 100 dollars, Rong Chhun, à la lecture des conclusions de l'IEC, s'étonne du refus du gouvernement. “Ce gouvernement est irresponsable. Il ne veut pas voir les sommes importantes que la corruption fait perdre à l'Etat”, s'indigne-t-il.
Représentant les chefs d'entreprises, Tann Monyvann, directeur général adjoint de Mong Reththy, a admis sans détour que les compagnies privées versent des pots-de-vin. “Toutes les compagnies le font. La mienne donne beaucoup d'argent aux fonctionnaires mais je ne veux pas vous dire combien”, a-t-il lancé. Et pour lui, les fonctionnaires peu payés ne sont pas seuls en cause. “Ceux qui gagnent bien demandent aussi de l'argent”.
Keat Chhon, le ministre de l'Economie et des finances n'a pas assisté à cette conférence mais Sok Hach, directeur de l'IEC, a assuré que les résultats de l'enquête de son institut ne l'avaient pas laissé insensible. “Nous devons reconnaître ces chiffres et le gouvernement doit reconnaître cette perte”, a noté pour sa part Yim Sovann, député d'opposition, insistant sur la nécessité d'adopter le plus rapidement possible la loi anticorruption.
Ky Soklim