Yang Wei-ling, mère courage au Cambodge depuis dix ans

POIPET (Cambodge) - Avec Central News Agency
Mardi 25 Juillet 2006
Yang Wei-ling, mère courage au Cambodge depuis dix ans



La voiture a tangué pendant six heures le long des routes sales depuis Poipet, une ville frontalière du Nord du Cambodge, pour arriver à l'hôpital le plus proche à Siem Reap, où Yang Wei-ling, la fondatrice de Field Relief Agency (FRA), envoie régulièrement des enfants malades ou nouvellement recueillis, depuis son orphelinat. Cependant, subitemment, nous ne pouvons aller plus loin. La voiture continuera seule avec l'enfant jusqu'à Siem Reap, nous ne pouvons aller plus loin dans cette zone toujours contrôlée par les militaires, car nous sommes étrangers. Fatiguée, énervée, Wei-ling s'emporte en cambodgien: «Je suis peut-être taiwanaise, mais ces enfants sont les miens...». Rien n'y fera, comme d'habitude.

Depuis dix ans, Wei-ling s'est entièrement dévouée au travail humanitaire au Cambodge. L'ancienne hôtesse de l'air, habituée aux jolis vêtements et aux magnifiques hôtels, a tout laissé tomber pour fonder en 1996 la FRA, la seule organisation non-gouvernementale taiwanaise à s'occuper du Cambodge. «Beaucoup d'enfants au Cambodge sont illettrés parceque leurs familles sont trop pauvres pour payer une éducation, et parfois même pour les nourrir...» indique Wei-ling, «alors, les enfants fait en surnombre ici, sont abandonnés...».

Durant les sept dernières années, l'orphelinat du FRA a pris en charge 116 enfants cambodgiens. Quelques-uns étaient vagabonds, mendiants, d'autres étaient tombés dans la prostitution infantiles et certains étaient même drogués afin de faire les travaux physiques qui leur étaient imposés. «Certains d'entre eux ont été abandonnés, d'autres ont vu leurs parents mourir du SIDA... Du fait du manque d'argent, nous ne pouvons que surveiller ces enfants, pas les soigner...» indique Wei-ling.

Les travailleurs sociaux de l'orphelinat de Wei-ling doivent fournir des repas, des cours, des soins médicaux sommaires et une écoute à ces enfants qui ont parfois beaucoup de difficultés à retrouver le sourire après ce qu'ils ont vécu. L'hôpital de Siem Reap, même à six heures de route de brousse, reste un réconfort pour ces travailleurs, qui parfois n'ont pas d'autres choix que d'y confier des enfants pour qu'ils reçoivent des soins plus importants.

Seuls un-tiers des enfants pris en charge par la fondation ont un bagage suffisant lorsqu'ils quittent normalement, à quatorze ans, l'orphelinat. Wei-ling le sait. Ce taux très bas est dû au fait que certains enfants quittent bien avant, car certaines familles demandent leur retour afin qu'ils travaillent dans les champs pour aider les parents. Wei-ling, arrivée en 1996 au Cambodge pour ouvrir son premier centre qui visait les enfants pauvres issus de familles chinoises, a créé l'orphelinat en 1999, puis un centre d'aide aux femmes en 2001 et la première école de langue cambodgienne dans le Nord du pays en 2005, afin d'aider les enfants pauvres.

Depuis 2006, l'agence a également aidé à l'ouverture de 24 écoles d'enseignement du mandarin, et permet la scolarisation de 14 000 jeunes. La FRA permet également aux endroits les plus reculés de disposer d'enseignants en offrant des compensations aux salaires très bas, peu encourageants pour trouver des personnes de valeur. Avec cette expension des services rendus, la FRA a besoin actuellement de 130 millions NT$ pour mettre en place divers projets. Cependant, il est de plus en plus difficile de trouver de l'argent et moins de la moitié de cette somme a pour le moment été collectée. Wei-ling le reconnaît volontier: «Il y a également des malheureux à Taiwan, mes concitoyens doivent aussi penser à eux en priorité... mais comme Taiwan fait désormais partie du village mondial, ils doivent comprendre que tout le monde est égal devant l'éducation, et y a droit» •

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