Dans l'ex-Indochine, la francophonie peine faute de stratégie politique
HANOI, 24 nov (AFP)
Un demi-siècle après la fin de la présence française en Indochine, la langue française connaît de sérieuses difficultés au Laos, Cambodge et Vietnam où elle souffre, selon l'Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF), d'une absence de volonté politique des gouvernements.
Quelque 500.000 Cambodgiens parlent un peu ou très bien le français, soit 3% de la population. Ils sont 300.000 au Laos (5%) et 500.000 au Vietnam (0,6%).
Mais aucun des trois Etats n'a de stratégie claire.
"Le problème auquel l'enseignement du français est confronté est l'absence totale de politique d'enseignement des langues étrangères de la part des gouvernements de ces trois pays", résume Stéphan Plumat, directeur Asie-Pacifique de l'AIF.
En juin dernier, le secrétaire général de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, avait visité les trois pays. "Nous sommes à l'ère de la reconquête", avait-il déclaré, évoquant sa volonté d'asseoir le statut du français comme "seconde langue universelle".
Mais l'avenir de la langue est aujourd'hui incertain dans une région où ses acquis ne sortent guère du cadre des élites.
Au Cambodge, le français est bien représenté dans les instances politiques. Le nouveau roi, Norodom Sihamoni, ex-ambassadeur de son pays à l'UNESCO à Paris, en a une parfaite maîtrise comme son père Norodom Sihanouk, dont le cabinet était entièrement francophone.
Au Laos, le français est véhiculé par les intellectuels âgés ou les Laotiens qui ont des rapports professionnels ou familiaux avec la France. Les formulaires officiels sont bilingues lao-français dans la plupart des ministères, la poste et les compagnies publiques.
Au Vietnam enfin, où le français était aussi l'apanage de l'élite intellectuelle, la concurrence de l'anglais et des langues asiatiques est particulièrement dure.
Dans ces trois pays, l'intégration à l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) a signifié une promotion nécessaire de l'anglais, langue de travail. Mais le français entend se battre.
"Il est impératif que les (trois) gouvernements prennent enfin les mesures politiques pour assurer au français, à côté de l'anglais (...), la place qui lui revient au sein du système éducatif, et qu'ils doivent lui assurer parce qu'ils ont choisi d'appartenir à la Francophonie", résume Stéphan Plumat.