Même si la chute de la Bourse de Bangkok a été presque effacée en un jour, l'inquiétude demeure sur des autorités qui semblent naviguer à vue.
Trois jours après le mouvement de panique à la Bourse de Bangkok, c'est la question que se posent les experts. Certes, un calme apparent est revenu dans la capitale thaïlandaise. La Bourse a récupéré, dès mercredi, plus de 11 %, après une chute de 14,8 % la veille. Mais elle a, de nouveau, reculé hier, de 2,23 %. Ce qui illustre l'inquiétude qui s'est installée dans les esprits.
En annonçant, lundi soir, une mesure drastique de contrôle des entrées de capitaux à court terme avant de revenir sur leur décision le lendemain, les autorités ont donné l'impression de naviguer à vue et de manquer de vision à long terme. C'est le sentiment qu'exprime Johanna Melka, économiste chez Natixis, pour qui « les bienfaits du coup d'Etat de septembre semblent un peu remis en cause ».
Situation paradoxale
Le putsch des militaires avait été bien accueilli par les milieux d'affaires : l'instabilité politique chronique du pays allait enfin cesser. Trois mois après, Johanna Melka se demande désormais « si certains investissements directs étrangers à destination de la Thaïlande ne vont pas se rabattre sur d'autres destinations plus sûres, dans d'autres pays émergents ».
Cette situation est d'autant plus regrettable pour l'ancien royaume de Siam que ses fondamentaux économiques restent bons. C'est même, paradoxalement, son attractivité qui a été l'une des causes de la récente crise. Bénéficiant de taux d'intérêt élevés au regard d'une inflation en baisse, la Thaïlande a vu affluer, ces derniers mois, les capitaux étrangers. D'où la hausse du baht (+ 14 % par rapport au dollar). C'est cette appréciation, dont la nature semblait de plus en plus spéculative, qui a poussé la banque centrale à agir. La crise qui a suivi laisse toutefois entrevoir un espoir : que l'institut d'émission revienne à des méthodes plus orthodoxes pour gérer sa monnaie et qu'il accepte, finalement, de diminuer ses taux d'intérêt.