La Chine et l'Asean avancent vers une immense zone de libre-échange
VIENTIANE (AFP) - La Chine et l'Asie du sud-est ont donné lundi une sérieuse impulsion à l'intégration économique vers laquelle semble vouloir tendre toute la région, en signant un accord qui ouvre la voie à la création en 2010 de la plus grande zone de libre échange du monde.
Pas loin de deux milliards d'individus autorisés à échanger librement les biens, sans barrières douanières ou d'aucune sorte, dans six ans: c'est le projet que se sont officiellement donnés la Chine et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) lors d'un sommet à Vientiane.
Le Premier ministre chinois Wen Jiabao et ses homologues de l'Asean ont signé un texte comprenant un accord de libéralisation des barrières douanières et non douanières sur les biens, ainsi que la création d'un mécanisme de règlement des disputes commerciales.
"Les accords signés aujourd'hui montrent que les liens entre la Chine et l'Asean ont atteint une nouvelle phase", s'est félicité Wen Jiabao.
"Nos économies sont très complémentaires. C'est important pour les deux parties de promouvoir le développement de cette coopération", a déclaré à l'AFP le ministre chinois des Finances, Jin Renqing.
La Chine se présente ainsi comme un moteur potentiel pour la croissance du sud-est asiatique et des économies déjà très influencées par l'immense marché chinois dans leurs investissements comme dans leurs échanges commmerciaux et leurs méthodes de travail.
L'Asean fait certes des efforts similaires avec ses autres partenaires d'Asie du Nord, le Japon et la Corée du Sud.
Mais Tokyo et Séoul, qui entament à peine leurs discussions, sont loin derrière et ne pourront rester insensibles à la progression chinoise.
Lundi, un diplomate japonais reconnaissait que le Japon n'avait nullement l'intention de rester les bras croisés devant les avancées obtenues par Pékin. "Nous sommes très, très stimulés par l'initiative chinoise", a-t-il admis.
Les échanges bilatéraux entre la Chine et l'Asean devraient croître de 28% et atteindre les 100 milliards de dollars en 2004, contre 78,2 milliards en 2003, selon les chiffres fournis par l'Asean.
L'ultime objectif est de ramener les taxes douanières entre les membres de l'accord à entre 0 et 5%.
Pour l'Asean elle-même et ses projets internes, l'accord est lourd de signification. Le bloc entendait se constituer jusqu'à présent en marché unique de type Union européenne en 2020: un délai bien trop long désormais au regard des ambitions chinoises.
Les dix de l'Asean ont déjà convenu lundi d'abolir complètement d'ici 2007 les droits de douane dans onze secteurs prioritaires entre les économies les plus développées de l'Association (Brunei, Malaisie, Indonésie, Philippines, Singapour et Thaïlande).
Mais les quatre autres, les plus pauvres, (Cambodge, Birmanie, Laos et Vietnam) attendront jusqu'en 2012.
Des "petits" qui ne peuvent que craindre le rouleau-compresseur chinois, ce que Pékin a affirmé prendre en compte. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Liu Jianchao a indiqué aux journalistes que certaines nations pourraient obtenir des délais supplémentaires.
"Ils sont un peu inquiets et nous devons adopter des politiques flexibles", a-t-il indiqué. "Nous pourrions laisser de la liberté d'action ou un peu de temps en plus pour les pays comme le Vietnam, le Birmanie, le Cambodge et le Laos".