Bangkok affirme avoir des photos de l'entraînement de rebelles en Malaisie
BANGKOK - Le gouvernement thaïlandais a affirmé mardi avoir des preuves photographiques de l'entraînement de rebelles musulmans du Sud de la Thaïlande dans des camps de Malaisie, ajoutant un nouvel élément à la polémique qui oppose les deux pays voisins.
Le Premier ministre malaisien Abdullah Ahmad Badawi avait démenti à la veille du week-end des déclarations de son homologue thaïlandais Thaksin Shinawatra selon lequel des insurgés musulmans du sud de la Thaïlande s'entraînaient en Malaisie, à l'insu du gouvernement de Kuala Lumpur.
La question a fait l'objet d'échanges acides entre les deux pays.
"Nos services de renseignement ont indiqué qu'il y avait des entraînements au maniement des armes et que plus de dix membres-clé (des organisations rebelles en Thaïlande) se trouvent dans l'état de Kelantan", a dit à la presse le vice-ministre thaïlandais de l'Intérieur Sutham Sangprathum.
"Nous avons des preuves photographiques", a ajouté le vice-ministre. "Nous avons plusieurs photographies de zones d'entraînement dans le Kelantannous sommes prêts à donner ces photos à la Malaisie si elle le souhaite".
Cet état, frontalier de la Thaïlande, est le seul des 13 de la fédération de Malaisie à être contrôlé par le Parti islamique d'opposition.
M. Sutham a ajouté que les services de sécurité thaïlandais possédaient ces photos depuis un certain temps. Il n'a toutefois pas précisé en quoi des photos de zones d'entraînement constituaient pour Bangkok une preuve irréfutable de la présence de rebelles thaïlandais, ni combien d'entre eux se trouvaient sur le territoire malaisien.
"Nous voulons que la Malaisie arrêtent ces personnes et nous les remettent", a-t-il dit.
Le Premier ministre malaisien s'était dit "choqué" des déclarations publiques du chef du gouvernement thaïlandais.
"La Malaisie ne sert de base à aucun groupe contre aucun pays. Nous ne permettrons pas que notre pays soit utilisé comme base", avait dit M. Abdullah.
"Si M. Thaksin disposait de telles informations et que nous les ignorions, il aurait dû nous les transmettre officiellement par les canaux diplomatiques", avait-il estimé.
Une campagne attribuée par Bangkok à des séparatistes islamistes a fait plus de 560 morts dans les provinces du Sud depuis le début de l'année.
Des "extrémistes" en Indonésie ont aussi été accusés par M. Thaksin de fomenter les troubles dans le Sud de la Thaïlande où attentats et assassinats sont quasi-quotidiens depuis janvier.
(©AFP / 21 décembre 2004 12h53)