La Thaïlande mettra des mois à rétablir le tourisme

La Thaïlande mettra des mois à rétablir son secteur touristique

Tue December 28, 2004 12:55 PM CET

par Pisit Changplayngam

BANGKOK (Reuters) - Il faudra des mois à la Thaïlande pour remettre sur pied son secteur touristique, source importante de recettes pour son économie, a estimé mardi un responsable économique local après les raz-de-marée qui ont dévasté les côtes de l'océan Indien, faisant près de 1.500 morts dans le pays et 37.000 au total en Asie.

Alors que le tourisme représente en temps normal 6% du produit intérieur brut de la Thaïlande, les entreprises locales du secteur ont reculé à la Bourse de Bangkok, parallèlement à une baisse du baht, la monnaie nationale.

"D'ici trois mois, nous devrions avoir réparé 70% des dégâts dans les trois provinces les plus touchées", a dit à des journalistes Juthamas Siriwan, le gouverneur de l'Administration thaïlandaise du tourisme, faisant ainsi référence aux provinces de Phuket, Pang-Nga et Krabi.

"Mais ce n'est qu'une estimation préliminaire et nous ne sommes pas sûrs d'y parvenir", a-t-il ajouté.

Les analystes se montrent généralement plus pessimistes estimant que les six provinces victimes du raz-de-marée auront besoin d'au moins six à douze mois pour se rétablir.

L'Administration du tourisme, qui prépare actuellement un programme de reconstruction, s'interroge sur les chances qu'a le pays d'attirer l'an prochain 13,4 millions de touristes comme elle l'avait espéré, contre seulement 6,95 millions en 1995.

Le Premier ministre Thaksin Shinawatra a chiffré le coût de la catastrophe à 20 milliards de bahts (510 millions de dollars) et il s'apprête à solliciter auprès du Parlement une rallonge budgétaire.

Le gouvernement a d'ores et déjà annoncé une aide et des exemptions fiscales d'un montant global de 28 milliards de bahts, les banques commerciales promettant pour leur part d'accorder des moratoires et des rééchelonnements de dettes, et de pratiquer des taux d'intérêt et des tarifs moins élevés.

Les analystes estiment quant à eux que les dommages seront en fait bien plus lourds pour le secteur du tourisme qui, selon les dernières estimations, aurait rapporté au pays 400 milliards de bahts cette année, en attirant 12 millions de visiteurs étrangers.

"Nous estimons les pertes, au niveau du manque à gagner du tourisme et des dommages aux pêcheries et aux biens immobiliers, aux alentours de 35 à 40 milliards de bahts, soit 0,5 à 0,6% du PIB escompté pour 2005", écrit Phatra Securities dans une note d'étude.

COÛT DES DESTRUCTIONS ET MANQUE A GAGNER

Selon cette société de Bourse, Phuket, Pang-Nga et Krabi retirent du tourisme environ 100 milliards de bahts (2,56 milliards de dollars) chaque année. A elle seule, l'île de Phuket, la plus touchée, gagne 73 milliards de bahts grâce à près de quatre millions de visiteurs, étrangers à 71%.

A la suite du raz-de-marée, les annulations des réservations se sont multipliées auprès des hôtels et des agences de tourisme.

Royal Garden Resort, qui possède 40% du complexe touristique Anantara COCO Palm Resort, à Khao Lak, dans la province de Pang-Nga, a annoncé que ce dernier avait été entièrement détruit, ce qui a provoqué un recul du cours de Bourse de la société à son plus bas depuis un mois.

Laguna Resorts and Hotels PCL a pour sa part précisé que 50 des 900 chambres de son complexe hôtelier Laguna à Phuket avaient été endommagées.

Quant à la compagnie Thai Airways, dont l'action est tombée mardi au plus bas depuis trois semaines, elle a dit avoir enregistré des annulations représentant un montant de 6,91 millions de dollars.

"Depuis le tsunami, nos clients ont annulé ou reporté des réservations d'un montant total de 270 millions de bahts" a déclaré Kanok Abhiradee, le président de la compagnie, à des journalistes.

"En plus des dégâts constatés, je pense que les investisseurs s'inquiètent aussi des résultats futurs des hôtels dans le Sud", note l'analyste Sumek Chantrasuriyarat, de Bualangf Securities.

L'économiste Anusorn Tammajai de BakThai a toutefois estimé que les répercussions économiques de la catastrophe devraient être limitées dans le temps: "Il y aura un lourd impact sur le tourisme, mais ce sera un impact ponctuel, contrairement au sras ou aux troubles dans le Sud."

L'épidémie de pneumonie atypique (sras) avait provoqué l'an dernier une baisse du nombre de touristes en Thaïlande à 10 millions, tandis que la fréquentation de ses stations était aussi freinée par les troubles politiques qui agitaient le sud du pays.

Les touristes étrangers en Thaïlande y séjournent habituellement huit jours, avec des dépenses quotidiennes de 4.000 bahts.

Si les valeurs hôtelières ont perdu environ un pour cent mardi à la Bourse, le baht s'est quant à lui stabilisé après une contraction de 0,25% lundi.