PHUKET (Thaïlande), 30 déc (AFP)
Le bilan des morts grimpe inexorablement en Thaïlande
Le Premier ministre Thaksin Shinawatra a laissé entendre jeudi matin que le bilan définitif des morts pourrait approcher des 7.000, dont de très nombreux étrangers, à la suite des raz-de-marée géants qui ont dévasté dimanche le sud touristique de la Thaïlande.
"Il y a beaucoup de gens recensés comme disparus et nous pensons que 80% d'entre eux sont morts", a déclaré M. Thaksin aux journalistes.
"20% ont peut-être perdu contact" avec leurs proches ou les autorités, a-t-il ajouté.
Selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur, au moins 1.975 personnes ont été tuées par les tsunamis et 6.043 autres sont portées disparues.
En tenant compte des estimations du Premier ministre, le bilan définitif se situerait donc autour de 6.800 morts.
La catastrophe sans équivalent a également fait 9.808 blessés.
Le précédent bilan était de 1.829 morts, 5.288 disparus et 9.754 blessés.
Au moins la moitié des morts et disparus en Thaïlande sont des touristes étrangers, contrairement aux autres pays de la région touchés eux aussi par les tsunamis de dimanche --Indonésie, Inde, Sri Lanka-- où les morts ont surtout été enregistrés parmi les populations locales.
Sur les six provinces du sud affectées, Phang Nga reste la plus durement frappée avec 1.208 morts, a précisé le ministère de l'Intérieur.
Krabi a enregistré 341 morts, Phuket 264, Ranong 151, Satun six et Trang cinq.
Quatre jours après le désastre, diplomates et secouristes étrangers continuaient leurs recherches effrénées pour tenter de localiser les milliers de touristes disparus.
La Thaïlande est la première destination touristique d'Asie du Sud-Est, avec quelque 10 millions d'arrivées par an, et est très prisée des Scandinaves qui fuient à cette saison leur hiver très rigoureux.
Depuis Phuket, où elle est arrivée mercredi avec une équipe de 25 sauveteurs, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Laila Freivalds, a indiqué que "plus de 1.000" Suédois n'avaient toujours pas donné signe de vie.
Quant à la Norvège, elle est toujours sans nouvelles de 446 de ses ressortissants qui se trouvaient en Thaïlande. Et l'Australie, de 800 ressortissants.
Selon le chancelier Gerhard Schroeder, le bilan final des morts allemands "s'élèvera clairement à un nombre à trois chiffres" en Asie.
La France pour sa part a fait état de 20 morts --dont 19 en Thaïlande--, 189 blessés et 90 disparus.
Les équipes de secours thaïlandaises et étrangères --au total plus de 13.000 sauveteurs-- ont de plus en plus de mal à identifier et, pire encore, conserver dans un état décent les cadavres, souvent exposés à l'air libre et à des températures dépassant largement les 30 degrés.
"Nous devons utiliser les recherches ADN parce que les corps sont décomposés et gonflés", a souligné Sunthorn Riewluang, directeur général de la prévention des catastrophes naturelles.
Un expert légiste thaïlandais a expliqué que les équipes dépêchées sur place manquaient de formol pour la préservation des corps et qu'une fois les produits arrivés, soit le personnel médical faisait défaut, soit les corps étaient trop décomposés pour des injections de ce produit.
Toutefois, le problème le plus aigu est la pénurie de place, soit pour enterrer, soit pour stocker, les dépouilles. Il manque des fourgons frigorifiques, et linceuls et cercueils sont en quantité insuffisante.
Même les prisonniers ont été mobilisés depuis lundi pour fabriquer des cercueils --y compris de grand taille pour les Occidentaux--, ou encore, pour ceux dignes de confiance, nettoyer les sites détruits.
Des femmes détenues à Bangkok ont cousu 2.000 sac mortuaires et 2.000 masques de protection qui ont été aussitôt expédiés dans le Sud.
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