Plus de 4.500 personnes ont été tués par les raz-de-marée en Thaïlande, dont près de 3.700 dans la seule province de Phang Nga, la plus sinistrée du pays, au nord de Phuket.
La nouvelle année accueillie dans une ambiance de deuil
PHUKET (AFP ) - Le monde se préparait vendredi à célébrer le Nouvel An mais, pour des millions de survivants du raz-de-marée qui a englouti les rivages de l'océan Indien, le deuil a remplacé la fête, comme à Phuket, île paradisiaque du sud de la Thaïlande aujourd'hui dévastée.
Dans cette station balnéaire courue par des touristes du monde entier, le passage à 2005 sera marqué par une veillée aux chandelles et des appels à la prière.
Plus de 4.500 personnes ont été tués par les raz-de-marée en Thaïlande, dont près de 3.700 dans la seule province de Phang Nga, la plus sinistrée du pays, au nord de Phuket.
Au total, ce sont plus de 125.000 personnes qui ont trouvé la mort sur les rivages de l'océan Indien en raison du gigantesque raz-de-marée survenu dimanche. Et le bilan n'est encore que provisoire.
"Nous nous rassemblons, avec notre personnel, et nos clients sont invités à allumer des chandelles à minuit pour ceux qui sont morts", explique Thanarat Jadpatananon, propriétaire de l'hôtel Sawasdee, sur la plage Patong de Phuket, où les eaux ont englouti des centaines de personnes.
"Ce n'est absolument pas le moment de faire la fête", a ajouté la responsable, précisant que tous les feux d'artifice ont été annulés.
Le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a demandé de renoncer à toutes célébrations officielles et le traditionnel compte à rebours de Bangkok n'aura pas lieu.
De nombreux autres pays d'Asie ont également recouvert d'un voile de deuil le passage à 2005.
L'Indonésie, pays le plus touché avec un bilan qui pourrait atteindre les 100.000 morts, a annulé son feu d'artifice.
Le Sri Lanka a décrété vendredi une journée de deuil national par égard aux plus de 28.000 morts que compte le pays. A 12h30 GMT, les cloches de l'ensemble des temples et lieux de prière de ce pays bouddhiste à plus de 70% devaient sonner à l'unisson pendant trois minutes.
L'Inde, où plus de 11.000 décès ont été enregistrés, a réduit au strict minimum les réjouissances, auxquelles de toute façon près de 900.000 personnes directement touchées n'auraient certainement pas pu participer. La capitale financière Bombay, et temple du cinéma indien, a en revanche maintenu cotillons et chapeaux pointus. La mégapole de 18 millions d'habitants est située sur la côte occidentale de l'Inde, qui n'a pas été touchée par les raz-de-marée, à la différence de l'est.
En Malaisie, où ont été recensés 66 morts, un millier de bouddhistes, musulmans, hindous, sikhs et chrétiens s'apprêtaient à tenir une cérémonie funéraire oecuménique.
Hong Kong a annulé ses feux d'artifice. Singapour a remplacé par une minute de silence la retransmission en direct du compte à rebours du Nouvel an. Et la Turquie a annulé ses festivités.
L'Australie, qui n'a pas été touchée sur son territoire par le tsunami, a en revanche maintenu les célébrations, en dépit des dizaines de touristes australiens pour lesquels le pire est craint.
Des milliers de personnes étaient réunies vendredi soir (heure locale) le long du port de Sydney afin d'assister au traditionnel feu d'artifice de fin d'année, qui promet d'être comme chaque année l'un des plus spectaculaires au monde.
La catastrophe aura des répercussions jusque sur le Nouvel An européen, pourtant à des milliers de km du tsunami. Des centaines de touristes étrangers qui passaient les Fêtes au soleil de l'océan Indien, comptent parmi les décès, dont plus de 2.000 en Thaïlande seulement.
A Paris, où des centaines de milliers de personnes devaient comme chaque année se rassembler sur les Champs-Élysées pour accueillir 2005, les arbres et les réverbères ont été recouverts d'un drapé noir par respect dû aux victimes. Cent dix-sept Français ont péri dans la catastrophe et la France reste sans nouvelles de 560 ressortissants.
A Londres, plus de 150.000 personnes sont attendues sur les rives de la Tamise pour un gigantesque feu d'artifice. Un grand nombre d'entre eux devait converger vers Trafalgar Square, en dépit des recommandations de Scotland Yard qui a tenté de décourager les fêtards par crainte des bousculades et des voies de fait.
Quatre cents mille personnes sont attendues pour assister à un défilé de 10.000 clowns, danseurs et gens du spectacle. Les bénéfices du show iront aux victimes de la catastrophe, dont au moins 29 morts britanniques.
A Berlin, les autorités ont appelé les citoyens à renoncer à leurs traditionnels achats de feux d'artifice pour consacrer plutôt cet argent à des dons en faveur des victimes. Trente-trois morts allemands ont été identifiés et un millier sont portés disparus.
L'Italie a revu à la baisse ses festivités du Nouvel An, du nord au sud de la péninsule. Pise a annulé ses festivités et décidé d'envoyer les fonds ainsi économisées aux organisations humanitaires. Une minute de silence sera organisée au milieu des célébrations prévues à Venise. L'Italie a recensé 14 morts et près de 700 disparus.
La Suède, un des pays d'Europe les plus touchés avec 44 morts et 3.500 personnes portées manquantes, a transformé le Premier de l'an en jour de deuil officiel.
Aux Etats-Unis, qui compte 14 morts du tsunami, New York se préparait à organiser des célébrations sous haute sécurité, dans la crainte d'une répétition des attentats du 11 septembre 2001.
L'Australie a également rappelé que la menace terroriste est toujours aussi sérieuse. Plus de 1.500 policiers, dont des équipes de détection d'explosifs et des agents en civil, feront partie des opérations de sécurité.
Il était trop tard pour annuler les festivités australiennes, ont répondu les organisateurs aux critiques qui s'indignent, mais l'événement sera transformé en gigantesque appel de fonds et une minute de silence sera organisée, ont-ils promis.
A l'autre bout du globe, c'est une autre catastrophe qui a endeuillé les festivités en Argentine. Au moins 169 personnes ont été tuées et 375 blessées dans la nuit de jeudi à vendredi dans l'incendie d'une discothèque de Buenos Aires.