Touristes et Thaïlandais réunis le 1er janvier 2005 à Phuket
samedi 1 janvier 2005, 8h15
La Thaïlande amorce 2005 sous le choc et redoute 8.000 morts
BANGKOK (AFP) - La Thaïlande a amorcé l'année 2005 sous le choc de la plus grande catastrophe de son histoire récente après le raz-de-marée de dimanche dernier et redoute que le bilan définitif n'atteigne entre 7.000 et 8.000 morts.
Le bilan des morts en Thaïlande après les tsunamis qui ont balayé le sud touristique du royaume pourrait atteindre entre 7.000 et 8.000 personnes, a estimé samedi le Premier ministre Thaksin Shinawatra, dans son message hebdomadaire à la radio.
"En Thaïlande, le bilan final des morts devrait atteindre 7.000 à 8.000 personnes. Nous nous attendons à trouver plus de cadavres puisque partout où nous sommes allés, nous avons trouvé des corps", a dit M. Thaksin. Le dernier bilan publié samedi par le ministère de l'Intérieur a fait état de 4.812 morts confirmés --dont 2.407 étrangers-- de plus de 10.000 blessés et 6.541 disparus. "Sur les (quelque) 6.500 disparus, il est probable qu'ils sont morts puisque beaucoup de jours se sont écoulés", depuis le raz-de-marée, a estimé le chef du gouvernement. M. Thaksin avait estimé jeudi que 80% des personnes disparues étaient décédées.
Pour la seule province de Phang Nga, la plus sinistrée du pays, au nord de l'île de Phuket, le nombre des morts confirmés est de 3.701, selon les autorités. La province de Phang Nga comprend la région de la station balnéaire de Khao Lak qui a été ravagée par les tsunamis, en particulier l'hôtel Sofitel Magic Lagoon du groupe Accor. Ailleurs, le ministère de l'Intérieur a confirmé la mort de 859 personnes dans cinq autres provinces du sud: Krabi (395), Phuket (281), Ranong (172), Satun (6) et Trang (5).
Des centaines de proches de disparus poursuivaient, en ce premier jour de l'année, leurs recherches désespérées pour retrouver qui un père, une mère, un enfant, une soeur tandis que les experts légistes livraient une course contre la montre pour identifier un maximum de dépouilles en état de décomposition très avancée. M. Thaksin, qui s'est déjà rendu deux fois dans les provinces sinistrées, devait retourner à Phuket dans le courant du week-end. Son épouse, Pojaman Shinawatra, se trouvait dans la région et participait à la collecte des corps, a indiqué le quotidien Nation.
Suite à cette catastrophe, la Thaïlande devra se doter d'un système d'alerte contre les tsunamis, a répété le Premier ministre samedi. "Un système d'alerte est très important et absolument nécessaire même s'il faut débourser 30 millions de dollars, ce n'est pas cher payé", avait estimé jeudi M. Thaksin.
Pour la nuit du Nouvel an, aux douze coups de minuit, des centaines de Thaïlandais et de touristes étrangers sont descendus dans les rues de Patong, la grande plage de Phuket habituellement très animée la nuit, bougies et fleurs blanches à la main en hommage à tous les morts et disparus des raz-de-marée. Des clients des bars, des hôtesses, des commerçants, des touristes, ont allumé des bougies et se sont retrouvés spontanément dans les rues: certains pleuraient en silence ou éclataient en sanglots. D'autres s'étreignaient.
Pour les équipes de diplomates et de volontaires étrangers, l'humeur n'était pas non plus à la fête. Le traditionnel et bruyant compte à rebours des secondes jusqu'à minuit n'a eu lieu ni à Bangkok ni à Chiang Mai, la capitale du Nord, deuxième cité du royaume et les célébrations prévues ont été annulées. Elles ont été remplacées par des cérémonies bouddhiques en mémoire des défunts.
Dans son discours traditionnel du Nouvel an, le roi vénéré Bhumipol Adulyadej, qui a perdu un petit-fils dans la catastrophe, a remercié le peuple thaïlandais qui "une fois de plus a fait preuve de générosité et de considération" envers les siens et les étrangers.