La police thaïlandaise éloigne les familles des morgues

Morgue installée dans un temple en Thaïlande. La police demande aux familles et aux proches des étrangers portés disparus dans les régions touchées par les tsunamis de se tenir à l'écart des morgues. Cette mesure est, selon elle, nécessaire pour permettre aux experts légistes déployés sur place d'identifier les innombrables corps retrouvés sur les côtes. /Photo prise le 2 janvier 2005/REUTERS
lundi 3 janvier 2005, 13h55
La police thaïlandaise éloigne les familles des morgues
Par Darren Schüttler
PHUKET, Thaïlande (Reuters) - La police thaïlandaise demande aux familles et aux proches des étrangers portés disparus dans les régions touchées par les tsunamis de se tenir à l'écart des morgues, y compris des temples bouddhistes reconvertis pour l'occasion en dépôts à cadavres.

Selon la police, cette mesure est nécessaire pour permettre à des centaines d'experts légistes déployés sur place d'identifier au moyen d'échantillons d'ADN les innombrables corps de Thaïlandais et de touristes retrouvés sur les côtes.

"Les amis et les parents doivent s'abstenir d'aller dans les régions touchées par les tsunamis, y compris dans les temples, mosquées, et sur les sites d'autopsie et de collecte d'ADN", a déclaré le lieutenant Tuaytup Dwibyunsin dans un communiqué.

"Nous apprécions grandement votre aide, mais nous devons nous organiser", a-t-il expliqué. "Nous ne voulons pas que vous risquiez votre vie."

Des centaines d'étrangers parcourent depuis huit jours les morgues temporaires qui ont poussé un peu partout dans les zones dévastées par les vagues géantes du 26 décembre, à la recherche de proches et de parents morts, ou portés disparus.

Selon le centre national thaïlandais des catastrophes naturelles 5.046 corps, dont 2.459 corps d'étrangers, ont été retrouvés le long du littoral dans les hôtels de luxe et les villages de pêcheurs.

EMPREINTES DENTAIRES ET ECHANTILLONS D'ADN

Près de 4.000 personnes sont toujours portées disparues, un chiffre revu à la baisse - on évoquait auparavant 6.500 disparus - après que le Premier ministre Thaksin Shinawatra eut fait état d'une révision de la liste. Parmi ces disparus on dénombre plus de 1.600 étrangers, dont beaucoup de ressortissants des pays scandinaves.

Tout en disant respecter leur deuil, Tuaytup a expliqué que cette mesure était nécessaire pour éviter tout "interférence avec les données d'identification et toute obstruction aux travaux des responsables collectant les échantillons d'ADN".

Ce message s'adresse aux "amis, parents recherchant des êtres chers, étrangers, volontaires étrangers et membres du corps de presse", et vise à les protéger d'éventuelles maladies.

Il a précisé que les volontaires devaient se faire connaître auprès des autorités et demander l'autorisation d'accéder aux zones frappées de restrictions.

La veille, une équipe d'experts légistes issus de 19 pays a été déployée pour superviser un processus d'identification des corps - se faisant principalement au moyen d'empreintes dentaires et d'échantillons d'ADN - qui devrait prendre des mois.

Certains corps pourraient bien ne jamais être retrouvés ou identifiés, ont expliqué des membres de cette équipe.

Selon eux, les corps, qui se trouvent dans un état de décomposition avancée après huit jours d'exposition à un soleil tropical, sont méconnaissables, et les parents et proches des disparus devraient se résoudre à rentrer chez eux.