Thaïlande: Powell visite Phuket, les sauveteurs fouillent des lacs
PHUKET (AFP) - Des sauveteurs thaïlandais fouillaient lacs et mangroves mardi, neuf jours après les raz-de-marée qui ont dévasté le Sud de la Thaïlande, où le secrétaire d'Etat américain Colin Powell s'est rendu pour exprimer la solidarité de Washington.
A Phuket, M. Powell a visité des villages de tentes et le centre de crise où ont afflué les personnels étrangers. Il s'est attardé devant des panneaux affichant des photos de disparus en Thaïlande où les raz-de-marée ont fait près de 5.200 morts. Il a promis l'envoi d'experts légistes pour la région, où 145.000 personnes ont été tuées.
Auparavant à Bangkok, M. Powell a promis la coopération des Etats-Unis pour la mise en place d'un système d'alerte en cas de tsunami.
Le secrétaire d'Etat, qui est accompagné de responsables de l'Agence pour le développement international, doit évaluer les besoins et permettre une meilleure distribution de l'aide qui a afflué du monde entier après cette "tragédie pour le monde entier".
M. Powell, accompagné de Jeb Bush, frère du président américain George W. Bush, a indiqué que le système d'alerte pourrait se baser sur les dispositifs déjà mis en place pour les typhons.
MM. Powell et Bush, gouverneur de l'Etat de Floride abonné aux typhons, ont quitté la Thaïlande en fin de journée à destination de l'Indonésie pour une conférence internationale sur la catastrophe jeudi. Ils iront ensuite au Sri Lanka.
Washington souhaite marquer sa solidarité avec l'Asie, à un moment où le gouvernement américain est la cible de critiques pour sa lenteur supposée à répondre à la crise humanitaire.
"Nous avons promis 350 millions de dollars, et sur ce total 40 millions ont déjà été alloués", a assuré M. Powell, qui ne prévoyait pas pour l'instant, une hausse de l'assistance américaine.
En Thaïlande, le bilan de 3.810 disparus pourrait baisser, un certain nombre de personnes étant rentrées chez elles ou hospitalisées.
Mais les recherches se poursuivaient --de nombreux corps pouvant se trouver ensevelis dans la boue des mangroves-- sauf dans l'île de Phuket, a indiqué le quotidien Nation, qui annonçait un arrêt dans celle de Phi Phi en soirée.
Les recherches se concentraient sur le gros village de pêche de Baan Nam Khem, où plusieurs milliers de personnes sont manquantes, de Khao Lak, et de l'île de Koh Khao.
Ces trois zones sont situées dans la province de Phang Nga, de loin la plus sinistrée avec 4.077 morts confirmés --dont 2.213 étrangers--, soit les quatre cinquièmes des tués de toute la Thaïlande.
A Khao Lak, de gros engins déblayaient des montagnes de gravats de ferraille, de pierre, de troncs d'arbres et de cabanes.
Les lignes d'électricité et de téléphone étaient en cours de réinstallation dans la localité désertée par ses habitants.
Une centaine de secouristes tentaient toujours de rendre à la mer deux malheureux dauphins jetés dans un lac par les violents raz-de-marée.
Au nord, à Baan Nam Khem, les sauveteurs tentaient d'assécher un lac de 3.000 mètres carrés, une tâche qui pourrait prendre trois à quatre jours.
"Pour l'instant nous n'avons retrouvé que quelques corps qui flottaient à la surface", a dit l'un d'eux, Wittaya Sawangnetre, "les villageois pensent qu'il y a beaucoup de corps sous l'eau".
Le chef du département de météorologie a été transféré, dans l'attente des conclusions d'une enquête sur l'absence d'alerte au tsunami, a annoncé le Premier ministre Thaksin Shinawatra.
L'industrie du tourisme thaïlandais va perdre plus de 200 millions d'euros par mois, selon la presse, et les touristes ne reviennent qu'au compte-goutte à Phuket.
Mais les affaires marchaient rondement pour les hôteliers du Golfe de Thaïlande, sur les côtes sud-est, qui ont bénéficié d'un déplacement des touristes. Certains dormaient même sur les plages en attendant que des chambres se libèrent, notamment sur l'île de Koh Samui.