Une montagne de débris sur l'île thaïlandaise de Phuket, le mercredi 5 janvier 2005
mercredi 5 janvier 2005, 10h54
Thaïlande: nombre de disparus en hausse, le bilan pourrait atteindre 10.000 morts
BAAN NAM KHEM (AFP) - La Thaïlande a nettement révisé à la hausse mercredi le nombre des disparus, présumés morts, dix jours après le tsunami qui a balayé ses côtes sud, et semblait s'acheminer vers un bilan définitif d'au moins 10.000 morts.
Les recherches ne se poursuivaient plus que dans certaines zones, notamment dans le gros village de Baan Nam Khem, où des milliers de personnes étaient toujours portées disparues et deux lacs, qui pourraient contenir de nombreux cadavres, étaient en cours d'assèchement.
Le bilan des morts confirmés dans le royaume après le tsunami du 26 décembre a été légèrement relevé, à 5.246 personnes --la moitié des étrangers-- par le ministère de l'Intérieur.
Le nombre de personnes portées disparues a en revanche fait un bond, passant en 24 heures de 3.810 à 4.499.
C'est dans la province de Phang Nga que les chiffres de disparus ont subi une forte révision, avec un total de 2.113, contre 958 lundi.
Le gouverneur de la province, Anuwat Metheeviboonvut, a expliqué que le nombre des disparus avait toujours été supérieur à 2.000 à Phang Nga, mais que les autorités centrales, par erreur, n'avaient pas collecté l'ensemble des données.
Si les disparus sont pour la plupart "probablement morts" comme l'ont reconnu ces derniers jours plusieurs membres du gouvernement, le bilan pourrait être ainsi largement supérieur à celui auquel le Premier ministre Thaksin Shinawatra avait préparé l'opinion le week-end dernier, en évoquant entre 7.000 et 8.000 morts.
Sur le total des morts confirmés, 2.464 sont des étrangers, 2.420 des Thaïlandais et 362 des personnes dont il n'a pas été possible d'établir la nationalité.
La province de Phang Nga --où se trouve la localité dévastée de Khao Lak-- est de loin la plus touchée avec 4.134 morts, dont 2.213 étrangers.
Dans cette province, le village de pêche de Baan Nam Khem, avec ses quelques milliers de disparus, restait au centre des préoccupations.
Le plus petit des deux lacs du village devait être totalement asséché en fin de journée mercredi et les travaux de pompage d'un autre lac proche, plus grand, pourraient prendre encore plusieurs jours, ont indiqué les équipes chargées des opérations.
"On se concentre d'abord sur les voitures qu'on va voir quand l'eau aura baissé parce qu'on pense qu'il pourrait y avoir des corps à l'intérieur", a expliqué Preecha Boripeth, qui dirige les opérations.
"Une fois qu'on aura retiré les voitures, il faudra inspecter tout le fond du lac".
Les plongeurs ne pouvaient pas être utilisés, a-t-il expliqué, en raison de la mauvaise visibilité sous l'eau, du danger posé par des gravats et des risques sanitaires créés par les corps en décomposition avancée.
Vingt-cinq missionnaires sud-coréens, portant des vestes jaunes fluo "Dieu vous aime", aidaient à déblayer le village. "Nous voulons secourir les Thaïlandais et leur montrer notre compassion", a dit l'un d'entre eux, Youn Kyung.
En mer, des plongeurs s'apprêtaient à inspecter les fonds et des experts de la marine étudiaient les mouvements des vagues pour tenter de déterminer vers quelles zones les corps avaient pu dériver.
Même si la moitié des victimes sont étrangères, la Thaïlande a subi un énorme choc elle aussi.
Plus de 300 enfants sont orphelins: au moins 22 enfants de père et de mère et 290 autres ayant perdu l'un de leurs parents lorsque le tsunami a balayé les côtes de six provinces méridionales.
Plus de 1.400 personnes ont consulté psychologues et psychiatres pour des problèmes psychiques et de nombreux sauveteurs, surtout les volontaires mal préparés affectés à la manipulation de cadavres putrescents, "craquaient" nerveusement.
Près de 20.000 personnes dans quatre des six provinces touchées ont perdu leur emploi, en quelques minutes, le 26 décembre.
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