dimanche 9 janvier 2005, 14h18
Thaïlande: doutes sur l'origine de 2.000 morts, Joschka Fischer à Phuket
PHUKET (AFP) - Deux semaines après les tsunamis, la Thaïlande a multiplié dimanche par dix, à quelque 2.000, le nombre de morts dont elle ignore l'origine et plusieurs émissaires étrangers, dont le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, ont inspecté l'île sinistrée de Phuket.
Le ministère de l'Intérieur a maintenu à 5.305 le bilan des tués dans les raz-de-marée du 26 décembre qui ont balayé six provinces du Sud touristique de la Thaïlande : 1.792 d'entre eux sont désormais considérés comme étant des Thaïlandais, 1.329 comme étant des étrangers, l'origine des autres morts étant remise en question.
Des examens initiaux se sont, en effet, révélés non fiables sur 1.973 cadavres, a expliqué le ministère, qui a dit douter désormais de l'origine de 2.184 des morts --thaïlandais ou étrangers--, soit dix fois plus que jusqu'ici.
Des tests d'ADN ont été faits sur des échantillons de corps qui étaient déjà en décomposition, a expliqué le ministre de l'Intérieur Bhokin Bhalakula à la presse, et tous les examens seront refaits sur les corps trouvés plus de cinq jours après les raz-de-marée.
Par ailleurs, le nombre de personne portées disparues a légèrement baissé dimanche à 3.445 --soit 2.322 Thaïlandais et 1.123 étrangers.
Alors qu'un doute important était donc jeté sur le nombre des victimes étrangères dans cette catastrophe sans précédent, les visites d'émissaires de pays ayant perdu des ressortissants se poursuivaient.
"La première chose que nous devons savoir maintenant (concerne) les disparus", a dit M. Fischer après avoir visité la zone dévastée par les murs de vagues.
Soixante Allemands sont morts en Asie et 1.000 sont portés disparus, essentiellement en Thaïlande.
M. Fischer s'est rendu au temple de Yanyao dans la province très éprouvée de Phang Nga. Le temple bouddhiste a été transformé en morgue de fortune et accueille quelque 1.800 dépouilles que tentent d'identifier des experts légistes d'une vingtaine d'Etats dans le cadre d'une opération internationale inédite.
Il a réitéré l'offre faite samedi par le gouvernement allemand de jouer un rôle moteur dans la mise en oeuvre d'un système d'alerte aux tsunamis en Asie du Sud par le biais du Centre de géophysique de Potsdam (est).
Conformément à ce plan, en cas de tremblement de terre, l'alerte sera donnée en quelques minutes sur l'internet, déclenchant l'envoi automatique de courriels et de SMS (messages écrits sur télépones portables, ndlr).
Bangkok a invité tous les pays touchés ainsi que le Japon, les Etats-Unis, la Norvège et l'Allemagne à une rencontre les 28 et 29 janvier sur un système d'alerte au tsunami, a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
Autres visiteurs, le ministre irlandais des Affaires étrangères Dermot Ahern et la sous-secrétaire d'Etat italienne aux Affaires étrangères Margherita Boniver ont aussi inspecté dimanche les zones sinistrées de Phuket.
Comme M. Fischer, M. Ahern a insisté auprès de M. Bhokin sur une identification rapide des corps. "Ils nous a assuré qu'il n'y aurait pas de retard", a-t-il dit.
Après ceux de Grande-Bretagne, Norvège, Canada, Japon, Allemagne et Irlande venus depuis vendredi, les chefs de la diplomatie chinoise et espagnole sont attendus ces prochains jours en Thaïlande, de même que des sénateurs américains, puis les chefs de gouvernement du Canada et des pays nordiques ainsi que le roi de Suède.
Bangkok a fait preuve de solidarité en envoyant dimanche une équipe de secouristes et 7,5 tonnes d'aide à Aceh, province indonésienne du nord de Sumatra où plus de 100.000 personnes ont péri.
Le chef de cette équipe a expliqué que la Thaïlande pouvait se permettre d'agir ainsi car ses propres pertes sont limitées par rapport à celles de l'Indonésie.