Les suites d'un quatre étoiles transformées en salle ...

PHUKET (Thaïlande), 12 jan (AFP)
Les suites d'un quatre étoiles transformées en salle de classe

Des écoliers thaïlandais de familles modestes ont eu un aperçu de la manière dont les riches étrangers passaient leurs vacances à Phuket: un hôtel quatre étoiles a transformé pour eux certaines de ses suites en salles de classe.

Quelque 350 enfants, préparés à une rentrée scolaire bien sombre après la tragédie du Tsunami, ont eu la surprise de se faire amener cette semaine par leur bus de ramassage au très luxueux Kamala Bay Garden Resort.

Leur école, l'école primaire de Baan Kamala, a été dévastée par les raz-de-marée qui ont balayé le Sud touristique de la Thaïlande le 26 décembre et fait plus de 5.300 morts.

Au rez-de-chaussée d'un bâtiment de trois étages qui surplombe la piscine bordée de magnifiques palmiers, 14 grands appartements réservés aux clients les plus fortunés de l'hôtel ont été reconvertis en salles de classe temporaires.

D'abord choqués de se retrouver au milieu d'une telle opulence, les écoliers, revêtus de l'uniforme de chemisettes blanches, pantalons marrons ou jupettes bleues pour les filles, se sont rapidement sentis comme chez eux, jouant à des jeux de société ou regardant la télévision pendant les récréations.

"Je n'avais jamais vu un film de vampire avant, c'est vraiment très drôle", explique Apinya Phuangkhew, neuf ans, en regardant un film de Hong Kong doublé en thaï sur le petit écran.

"J'aime bien ma nouvelle classe, et tous mes copains l'aiment bien aussi", poursuit-elle. C'est très confortable. Il y a l'air conditionné, la télévision, et on peut se baigner dans la piscine. C'est comme si on était en vacances!" s'exclame-t-elle.

Les cours seront donnés dans l'établissement de 180 chambres pendant au moins trois mois, jusqu'aux prochaines vacances, mais peut-être même plus longtemps encore, explique le directeur de l'hôtel, Magnus Bergekrans, un Suédois.

"C'est une aventure pour eux de venir ici. la plupart d'entre eux n'avaient jamais vu un endroit pareil. Qui sait, peut-être que certains travailleront pour nous plus tard?", dit-il à l'AFP.

L'hôtel donne aux enfants et à leurs 24 enseignants un déjeuner par jour et les autorise à utiliser la piscine et les aires de jeu une fois par semaine.

Le tarif habituel des chambres transformées en salles de classe est de 8.000 baht (205 dollars) par jour.

"C'est notre petite contribution", dit le directeur, qui estime que environ 30% des 3.500 habitants de la localité ont été touchés par la tragédie.

M. Bergekrans explique que l'hôtel, situé à 200 mètres de la plage de Kamala, sur la côte ouest de Phuket, face à la mer des Andamans, a eu beaucoup de chance d'être épargné. Aucun client n'a trouvé la mort dans la catastrophe.

Mais les affaires se sont effondrées et le taux d'occupation, qui était de 100% en cette haute saison, est passé à environ 10%. La clientèle essentiellement scandinave a fui, les annulations de réservations ont plu.

Mais le directeur espère voir les touristes revenir un peu dans deux mois: des réservations commencent à arriver d'Europe, au compte-goutte.

La grande plage est en cours de déblaiement mais on y voit toujours des tas de gravats venant des boutiques et petits restaurants qui ont été pulvérisés par les murs de vagues.

Les enseignants expliquent que l'école de Baan Kamala sera peut-être reconstruite plus loin vers l'intérieur des terres.

Pour les enfants, le programme scolaire s'est agrémenté de cours d'art inattendus, donnés par Eva Ziggy Berglund, une Suédoise qui fait de la sculpture.

"Je veux faire quelque chose pour ces enfants d'Asie après ce drame", explique cette femme de 42 ans qui est arrivée avec 20 kilos de crayons de couleur et de matériel de dessin à Phuket le week-end dernier.

"Je vois beaucoup de tristesse dans les yeux des gens ici, certains ont tout perdu", dit-elle, "je veux les aider à reconstruire leur vie".