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 Faut-il retourner en vacances sur les lieux du raz-de-marée

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Thaïlande - Cambodge
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Nombre de messages : 5571
Date d'inscription : 08/08/2004

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MessageSujet: Faut-il retourner en vacances sur les lieux du raz-de-marée   Faut-il retourner en vacances sur les lieux du raz-de-marée EmptyLun 10 Jan - 14:18

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Forum - CATASTROPHE EN ASIE DU SUD

Faut-il retourner en vacances sur les lieux du raz-de-marée asiatique?
Mis en ligne le 10/01/2005
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Les touristes qui poursuivent ou entament leurs vacances en Asie du Sud méritent-ils qu'on leur jette la pierre? Faut-il rayer les régions touchées de la carte du tourisme mondial?

Illu XAVIER TORCELLY

Jean-Luc RACINE, Centre d'Etudes de l'Inde et de l'Asie du Sud, Paris

La façon de répondre à cette question dépend essentiellement de la perspective temporelle dans laquelle on se situe. Il y a d'abord le temps immédiat. Voir une touriste française trouver merveilleux d'avoir la plage de Pukhet «pour elle toute seule», quelques jours après la catastrophe, comme l'a montré un récent reportage télévisé, est évidemment indécent.

A moyen terme cependant, parmi les pays touchés par le tsunami, tous ceux qui ont une forte vocation touristique, la Thaïlande et le Sri Lanka au premier chef, souhaitent voir reprendre cette activité rapidement. Il y va de leur image, et, pour partie, de leur économie. Mais joue ici la question des priorités. Vers où vont se porter les investissements : vers les besoins fondamentaux de la reconstruction, au service des plus démunis, ou vers les établissements touristiques captant une clientèle fortunée ? La réponse sera sans doute différente selon les lieux, sans même évoquer ici la province d'Atjeh à Sumatra ou le Nord-Est du Sri Lanka, territoires insurgés, et sans touristes. Par-delà la gestion immédiate des crises, se pose le problème politique des priorités dictant l'aménagement du territoire.

Plus généralement, après comme avant le tsunami, il faut s'interroger sur les effets positifs et sur les effets pervers de la mondialisation du tourisme. Source de devises considérable, facteur de croissance et d'emploi, le tourisme international est aussi porteur de possibles dérives: on aimerait moins d'isolats vacanciers et plus de dialogue, mais il y a, il est vrai, bien des façons, inégalement ouvertes, d'être touriste dans des pays à très forts contrastes sociaux

Marc VAN DEN EYNDE, directeur des destinations lointaines chez JetAir

Ce n'est pas à nous de refuser au touriste de partir en voyage sur les lieux de la catastrophe. D'autant plus que dans le cas présent, on parle aussi d'une zone très vaste, pour laquelle il n'y a donc pas une seule réponse qui s'impose. Dans le cas particulier de la Thaïlande, notre partenaire local nous demande de continuer à organiser des circuits et des voyages. C'est, à ses dires, assez important pour l'économie.

Est-ce pour autant l'occasion pour nous d'en profiter pour lancer des promotions? Clairement, non. Déontologiquement, ce n'est pas supportable, dans l'idée où ce que nous cherchons c'est d'abord à supporter la région.

Donc, doit-on continuer à proposer ces endroits comme lieux de vacances? Je dirais que oui, mais il n'est certainement pas dans notre intention de créer une clientèle spécifiquement autour du drame. Le critère, c'est de voir ce que la population et les autorités thaïes vont demander. Pourquoi jeter la pierre à ceux qui partent ou qui continuent leurs vacances maintenantet ne pas confronter ceux qui ont fêté le Nouvel An à la proximité de la mort? On ne sait pas ce que les gens qui sont sur place, et qui ont décidé d'y rester, ont vécu.

Au final, tout dépend aussi du type de tourisme dont on parle. En ce qui nous concerne, nous travaillons énormément avec des circuits, une formule qui permet au touriste de visiter le pays, d'avoir des contacts avec la population pour comprendre sa manière de vivre. Avant la catastrophe déjà, beaucoup d'initiatives belges se sont mises en place suite à des voyages, notamment à Sri Lanka. Je ne crois pas qu'il faille suspendre ce mouvement.

Paul LEBEAU, théologien, jésuite

Faut-il encore aller en vacances sur les lieux du drame? Prise au pied de la lettre, c'est-à-dire s'il s'agit d'aller s'ensoleiller sur les quelques plages épargnées par le tsunami, et de bénéficier sans états d'âme du confort encore disponible dans certains hôtels, cette question appelle une réponse évidemment négative. En rédigeant ces lignes, j'ai sous les yeux le courrier électronique adressé ce 5 janvier aux communautés jésuites du monde entier par leurs confrères du Sri Lanka et de Thaïlande. Ils font état d'une mobilisation sans précédent des instances gouvernementales, religieuses, médicales, locales et internationales, en faveur des victimes survivantes dont la détresse est en effet multiforme: sanitaire, économique, écologique, psychologique.

L'un de ces rapports mentionne avec gratitude la contribution de certains missionnaires polyglottes en faveur des touristes étrangers, notamment européens, encore immobilisés sur place. Nous pouvons d'ailleurs associer à cette gratitude les reporters qui, non sans risques de leur part, nous renseignent de jour en jour sur l'étendue de ce drame humain. Bref, plus que jamais, c'est avant tout la fraternité, ouverte à toutes les détresses, qui doit nous motiver aujourd'hui, et pour longtemps encore.

Elle se concrétise d'ailleurs dans la présence sur place de médecins, d'infirmier (e) s, de techniciens, d'équipes de militaires, dépêchés par des instances nationales et humanitaires. Ces «visiteurs» sont, bien évidemment, les bienvenus. Et il est souhaitable qu'ils soient à l'avenir relevés par d'autres personnes compétentes et pareillement motivées. Et si, plus tard, certains touristes vacanciers pouvaient bénéficier à nouveau d'un séjour dans ces régions ensoleillées au cours de notre hiver, que leur première préoccupation soit celle d'une rencontre de respect, d'amitié et, s'ils sont croyants, de prière avec leurs frères et leurs soeurs en humanité, durablement marqués par leur épreuve.

Jean-Michel LONGNEAUX, Philosophe, Facultés Notre-Dame de la Paix, Namur

Sur le sable blanc, des corps immobiles: les uns bronzent pendant que les autres se décomposent. Plus loin, devant l'ampleur du désastre, des secouristes s'affairent tandis que des touristes se demandent où trouver un magasin de souvenirs. La générosité côtoie l'indifférence: le bien et le mal version 2005. Est-ce toutefois aussi simple? L'entraide, parlons-en. Est-elle l'expression d'une solidarité sincère et spontanée? Souvent, oui. Mais certains pays ne cachent déjà plus que leur objectif est de se classer parmi les donateurs les plus importants pour rester ou devenir des partenaires économiques privilégiés dans une région à reconstruire entièrement. L'absence d'intérêts semblables explique peut-être pourquoi le Darfour ou la Tchétchénie ne nous mobilisent pas de la même façon. Les équipes internationales dépêchées pour identifier les corps aident-elles les populations locales, ou sont-elles là (surtout) pour identifier leurs propres ressortissants ? Les émissions de télévision consacrées à l'événement sont-elles motivées par un réel souci de rendre hommage aux victimes, ou visent-elles à faire de l'audimat ? A moins que ces spectacles ne soient rien d'autre, en définitive, que le miroir grossissant dans lequel se reflète notre bonne conscience. Certes, l'aide que nous apportons profite actuellement aux victimes du tsunami. Et c'est ce qui importe, vu l'état d'urgence. Mais il est naïf - et dangereux - de n'y voir que de l'angélisme.

A l'inverse, partir en vacances dans ces pays dévastés n'est-il qu'égoïsme et indifférence ? C'est probable. Mais ce peut-être aussi la meilleure réponse que l'on puisse apporter pour éviter une autre dérive de l'aide massive actuelle. Cette vague de solidarité qui s'abat sur ces pays risque de créer des populations d'assistés. Elle en fera surtout des obligés, incapables de s'acquitter d'une dette d'infinie reconnaissance. Une autre façon de les aider, sans les lier, c'est de maintenir une relation d'échange partout où c'est possible, une relation où l'on ne vient pas en sauveur mais en demandeur, une relation dans laquelle est reconnu leur savoir-faire, source de leur dignité, une relation de laquelle ils peuvent s'affranchir par ce qu'il donnent. L'accueil des étrangers est l'un de leur savoir-faire. Certes, le tourisme connaît des dérives inacceptables, surtout dans ces pays d'Asie. Mais il est naïf - et dangereux - de n'y voir que de la bêtise.

Auteur de «L'expérience du mal», Les Editions namuroises, 72p.

Claire BILLEN, Jean-Michel DECROLY, Géraldine MAULET Université libre de Bruxelles

(...) Il appartient à chacun de juger par lui-même de sa capacité à faire abstraction de la tragédie, avant de choisir une destination de plaisir, de détente et de délectation paysagère. (...)

La vraie question qui se pose aujourd'hui est celle de la reconstruction. Il n'y a pas de doute là-dessus, la Thailande côtière sera reconstruite rapidement et l'on peut compter sur les tour operators, principaux pourvoyeurs de touristes occidentaux en Thailande, pour qu'ils trouvent à effacer les images épouvantables des plages charniers dominant l'actualité. La personnalité du peuple Thaï, courageux,fier, organisé, accueillant, inventif, travailleur est déjà largement convoquée et l'on voit que les arguments marketing puiseront dans cette veine. Au-delà du stéréotype, ces caractéristiques bien réelles des gens de Thailande (pays multi ethnique faut-il le préciser) et de leur culture feront le reste, avec l'appui substantiel d'un entreprenariat local vivant et d'un capitalisme national tout à fait apte à venir à bout de la crise. (...)

Si l'on entend réfléchir à la reconstruction touristique de la Thailande, il s'agit de s'interroger sur les aides mirifiques qui sont proposées à ce pays. Comment ces aides seront-elles payées effectivement, de quelles conditions seront-elles assorties? Renforceront-elles les investissements étrangers ou favoriseront-elles les initiatives locales et quelles initiatives locales? Laisseront-elles libre cours à la monopolisation ou aideront-elles la formation de réseaux économiques diversifiés permettant une distribution équilibrée des revenus du tourisme? Accuseront-elles la monoculture touristique dans les régions côtières ou permettront-elles les tentatives de diversification des activités économiques dans ces zones où tout doit être réédifié? Permettront-elles au marché intérieur et aux fabricants locaux de profiter du rééquipement? Parviendront-elles à purger l'offre touristique de ses aspects les plus noirs et les plus avilissants (auxquels il est d'ailleurs carricatural de résumer le tourisme dans ce pays)?

L'avenir du tourisme en Thailande ne dépendra pas de notre volontarisme, de notre capacité plus ou moins efficace à nous donner bonne conscience. Il dépendra de la capacité de la société thailandaise à débattre, le plus ouvertement possible, de sa reconstruction touristique et de réagir intelligemment à la concurrence inélucablement grandissante des autres pays de la région n'ayant pas été touchés par la catastrophe. Le Cambodge se profile déjà de manière offensive. L'avenir du tourisme en Thailande dépendra sans doute beaucoup moins fortement que nous ne le pensons du retour de la clientèle occidentale. L'attractivité stratégique est probablement celle qui s'adressera à des consommateurs que nous méconnaissons totalement, dans notre égocentrisme coutumier. Les touristes asiatiques, japonais, indiens, taiwanais, chinois, coréens sont également amateurs de plages, de soleil, de gastronomie, de massages et d'archipels paradisiaques. De cette clientèle-là et de son retour, pour lequel nous ne pouvons rien, dépendra beaucoup la renaissance de la manne touristique en Thailande.

*Institut de gestion de l'environnement et d'aménagement du territoire (Unité analyse et gestion du tourisme)

Bernard NYSSEN

Curieuse question! Avons-nous cessé de visiter la Zélande après qu'un raz-de-marée y ait fait, le 1er février 1953, 1.800 victimes, inondant 133 villages et entraînant le déplacement de 100.000 personnes? Avons-nous cessé de parcourir les belles régions de France dévastées, les 26 et 27 décembre 1999, par deux ouragans successifs, qui firent 100 morts et dont les traces sont encore visibles 5 ans plus tard? Non, bien entendu!

Pourquoi faudrait-il soudain renoncer à visiter, en touristes, les rives paradisiaques de l'Océan indien ravagées par le raz-de-marée du 26 décembre?! Le fait que cette question se pose révèle-t-il implicitement une certaine mauvaise conscience éprouvée par ceux qui, jusqu'il y a peu, profitaient de ces contrées de rêve sans trop se préoccuper du sort de ceux qui les y accueillaient? Y a-t-il là une retenue face au drame vécu par les populations locales auxquelles, soudain, on voudrait éviter l'affront de la prospérité affichée par leurs visiteurs? Ce serait, toutes proportions gardées, plutôt une bonne nouvelle.

Mais ne pas retourner dans ces pays serait oublier qu'une part considérable des ressources y provient du tourisme. Dès lors, une des premières démarches de solidarité consiste, pour ceux qui le peuvent, à être là, aux côtés de ces femmes et ces hommes qui, sans désemparer et avec une dignité qui impose le respect, ont entrepris de reconstruire un cadre susceptible d'accueillir à nouveau leurs visiteurs. Il est cependant permis d'espérer que les touristes, demain, aborderont ces rivages en ayant retenu à tout le moins deux enseignements livrés par la catastrophe :

- personne n'est « propriétaire» de quelque partie que ce soit de notre planète: ni ceux qui la visitent, conquérants, fiers des devises qu'ils y apportent, ni ceux qui y vivent, dans une dépendance économique à l'égard de ces visiteurs nantis; c'est la nature qui, en fin de compte, décide et il faut se méfier grandement des rodomontades de ceux qui prétendent discipliner ses soubresauts;

- visiter le monde, ce ne peut être simplement «consommer» des paysages; ce doit être aussi, surtout, nouer des liens, devenir un peu plus homme au contact de ces hôtes locaux que l'on voit trop souvent, sur les photos ou les films de voyage, comme un élément du décor.

Dans les suites du cataclysme ce n'est pas, comme les médias voudraient nous le faire croire, le décompte affolant du nombre global des morts, en une surenchère macabre, qui importe; c'est chaque vie perdue, chaque famille touchée, chaque vie sauvée mais ô combien fragile qui compte par dessus tout.

Continuer à visiter ces régions du monde, c'est être là, avec chacun d'eux, en une solidarité fraternelle, qui serait un versant vertueux de la mondialisation.
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