Le festival de Bangkok, un aimant pour attirer les capitaux

BANGKOK, 21 jan (AFP)
Le festival de Bangkok, un aimant pour attirer les capitaux étrangers

La Thaïlande profite habilement de l'afflux international créé par le festival de Bangkok (13-24 janvier) pour en faire une vitrine de son industrie cinématographique et attirer ainsi des capitaux qui viennent utilement compléter les revenus de son secteur touristique.

Parallèlement au festival proprement dit, qui n'en est qu'à sa troisième édition, un marché du film a été mis sur pied dès l'an dernier par les organisateurs.

Le marché, qui s'est ouvert lundi et ferme ses portes vendredi, a pour cadre un hôtel 5 étoiles, le Shangri La, là-même où sont accueillis les festivaliers et organisées les conférences de presse des cinéastes, créant ainsi une synergie idéale entre les deux événements.

"Notre marché est déjà un succès, la fréquentation a été multipliée par trois par rapport à l'an dernier et trois fois plus de sociétés y participent", se réjouit Christine Rush, directrice du marché du film. "Le nombre d'exposants s'élève à 300, contre 100 l'an dernier", précise-t-elle.

"Notre marché du film rassemble le type d'hommes d'affaires qui font qu'un projet de film aboutit : des producteurs, des juristes, des banquiers", affirme-t-elle.

Parmi les atouts de la Thaïlande mis en avant par Mme Rush, il faut retenir notamment ses équipements modernes dans le domaine de l'animation numérique, ses capacités en matière de production et les lieux de tournage magnifiques qu'offre le pays.

"La plage" avec Leonardo DiCaprio ou plus récemment la grande fresque historique "Alexandre", d'Oliver Stone, ont été tournés en grande partie en Thaïlande.

"La Thaïlande est une destination où les équipes de tournage ne rechignent jamais à se rendre", résume Ian Smith, producteur d'"Alexandre".

En 2004, plus de 100 millions de dollars de contrats ont été négociés à Bangkok. "Ce chiffre devrait facilement dépasser les 250 millions de dollars cette année", estime Christine Rush.

Hormis les paysages remarquables dont le pays dispose, la Thaïlande a su développer des infrastructures pour bénéficier de la manne de la post-production.

Les studios de Kantana, installés dans la banlieue de Bangkok, disposent ainsi non seulement des traditionnels studios de tournage, mais aussi depuis 1998 de laboratoires audio et d'animation équipés en numérique, capables entre autres de réaliser des effets spéciaux.

Le groupe Kantana, contrôlé à 100% par des capitaux thaïlandais, réalise un chiffre d'affaires annuel supérieur à un milliard de baht (environ 2O millions d'euros). 70% de ce chiffre d'affaires est réalisé auprès de clients locaux, contre 30% auprès de clients étrangers, au premier rang desquels Honk Kong, Singapour, l'Indonésie et le Vietnam.

"Ce succès est dû aux moindres coûts offerts en Thaïlande : la main d'oeuvre est meilleur marché, les hôtels sont moins chers et de très bonne qualité si on doit faire venir une équipe sur place, les studios sont intégrés avec un laboratoire d'un bon niveau technologique", explique John Galvin, directeur de la post-production du groupe Oriental Express, filiale de Kantana.

Parmi les films post-produits par Oriental Express figurent ainsi le chef d'oeuvre de Wong Kar-Wai "In the mood for love".

Outre ces atouts dans le domaine des infrastructures, le succès du film "Tropical malady", du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, Prix du Jury au festival de Cannes 2004, a donné une certaine crédibilité aux capacités techniques et artistiques de la Thaïlande, dont le cinéma était jusqu'à présent timide sur la scène internationale.

Ces conditions favorables ne devraient pas être affectées par le récent tsunami, selon Christine Rush. "Les participants (au marché du film) n'ont pas annulé leur venue, car ils ont vu que les opérations de reconstruction étaient menées de façon transparente et professionnelle", se félicite-t-elle.