BANGKOK, 24 jan (AFP)
Bertrand Tavernier : "Le Sud-Est asiatique vit entièrement sur le piratage"
"Le Sud-Est asiatique vit entièrement sur le piratage", déplore Bertrand Tavernier, qui s'est rendu au festival international de Bangkok pour présenter "Holy Lola", un film sur les tribulations d'un couple français pour adopter un enfant au Cambodge.
Question : Comment le cinéma français est-il diffusé en Asie?
Réponse : Nos films sont souvent piratés. Par exemple au Vietnam, il n'y a aucun film français qui sort, mais on trouve des DVD piratés. Le Sud-Est asiatique vit entièrement sur le piratage, sans qu'il y ait semble-t-il des efforts des pays concernés pour le combattre. Il y a un piratage hallucinant, mais la copie est souvent de très mauvaise qualité. Parfois même Il s'agit de versions filmées clandestinement dans les salles : on voit les spectateurs aller et venir et on entend même leurs commentaires!
Q : Quel est l'intérêt de montrer son film dans un festival asiatique?
R : J'ai l'impression que tout ce qui permet de montrer qu'on existe et qu'on fait des films est intéressant. Ce n'est jamais mauvais de montrer un film et d'en faire parler. Tout vaut mieux que l'absence. Mais il y a peu de festivals asiatiques qui ont des retombées commerciales, peut-être que ce ne sont pas dans les moeurs des gens, peut-être aussi parce que ces pays n'ont pas réalisé qu'il faut soutenir la diffusion de films étrangers pour aider la production nationale. Ce n'est pas un hasard si en France il y a le plus grand nombre de sorties de films et qu'on tient plus de 30% de parts de marché.
Q : Quels sont les difficultés rencontrées pour sortir un film en Asie?
R : Le problème dans les pays asiatiques, c'est que souvent les contrats ne sont pas respectés : ce n'est pas parce qu'on fait une vente qu'un film est diffusé ou qu'on le vend qu'il est distribué. Les Coréens sont champions dans ce domaine. Il y a de plus en plus de précautions qui sont prises, même avant qu'on envoie le matériel. C'est une très très longue bataille.