Sam Rainsy dénonce la "dérive totalitaire" au Camb

Sam Rainsy dénonce la "dérive totalitaire" au Cambodge

PHNOM PENH, 8 sept (AFP) - Le chef de l'opposition au Cambodge, Sam Rainsy, a
dénoncé mercredi la "dérive totalitaire" du pays après avoir été écarté
d'une solution à une longue crise politique puis durement critiqué par le roi
Norodom Sihanouk.
Dans une lettre au quotidien francophone Cambodge Soir, le président du Parti
Sam Rainsy (PSR) estime que la "façade démocratique" dont peut se prévaloir
le Cambodge depuis le début des années 90 "présente des lézardes de plus en
plus profondes" et n'hésite pas à faire des rapprochements avec les régimes
d'Adolf Hitler ou de Ferdinand Marcos.
Alors qu'il avait formé une "Alliance des démocrates" avec le parti Funcinpec
du prince Norodom Ranardiddh après les élections de juillet 2003, le PSR a
été exclu d'un accord de gouvernement intervenu un an plus tard après une
longue crise politique, son "allié" lui tournant le dos pour gouverner avec le
Parti du peuple cambodgien (PPC) du puissant Premier ministre Hun Sen.
"L'absence de démocratie interne dans des partis politiques d'origine
communiste ou de type princier conduit à la concentration de tous les pouvoirs
d'Etat entre les mains d'une personne ou d'un petit clan d'associés agissant au
nom des deux partis politiques constituant la 'majorité parlementaire'", note
Sam Rainsy au sujet du PPC et du Funcinpec.
"Poursuivant la dérive totalitaire du régime sur la lancée de la deuxième
législature, la même majorité parlementaire PPC-Funcinpec a, pour la
troisième législature (2003-2008), évincé le PSR (...) de toutes les
commissions de l'Assemblée nationale", poursuit Sam Rainsy.
Dénonçant une "majorité triomphante et de plus en plus totalitaire" il note
que "en 1933, Adolf Hitler était arrivé au pouvoir par la voie démocratique"
et que "Ferdinand Marcos aussi était arrivé au pouvoir aux Philippines en 1965
par la voie démocratique instituant le 'règne de la majorité'".
Le roi, qui se trouve toujours à Pékin, a durement jugé Sam Rainsy le
week-end dernier, estimant qu'il avait "commis un suicide politique (...) pour
sa propre satisfaction" en ne suivant pas le Funcinpec au sein du gouvernement
et disant ne pas comprendre "pourquoi (Sam Rainsy) n'est pas satisfait quand il
peut être haut placé et avoir du pouvoir".

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Phnom Penh, le 8 septembre 2004

Monsieur le Directeur
Cambodge Soir
26 CD, rue 302
Phnom Penh

Monsieur le Directeur,

L´article intitulé « Le roi juge sévèrement les choix de Sam Rainsy »
paru dans Cambodge Soir du 8 septembre 2004 peut soulever des questions auprès
de vos lecteurs qui ne sont pas au courant de la teneur des entretiens que
j´ai eus avec Sa Majesté le Roi à Pyongyang et à Pékin en juin et août
derniers.

Question : Pourquoi le PSR a-t-il « refusé de suivre le Funcinpec, qui fut
pourtant son allié durant presque un an, dans la constitution d´un
gouvernement de coalition avec le PPC » ?
Réponse : Le Funcinpec et le PSR avaient formé, au lendemain des élections de
juillet 2003, l´Alliance des Démocrates pour faire contrepoids au PPC et,
pour cela, ils s´étaient engagés à lutter toujours ensemble - soit à
l´intérieur du gouvernement, soit au sein d´une Grande opposition - sur
la base de principes démocratiques, pour mieux défendre les intérêts de la
nation.
L´Alliance a tenu jusqu´au 6 juillet 2004. Ce jour là, le Prince Norodom
Sirivudh, au nom du Prince Norodom Ranariddh alors aux Philippines, m´a
demandé - comme prix de la participation du PSR à un gouvernement dirigé
par M. Hun Sen - de faire signer par tous les députés PSR une motion
soutenant la proposition de loi instituant la procédure du vote en bloc et à
mains levées, que je trouve antidémocratique et anticonstitutionnelle (voir ma
lettre dans Cambodge Soir du 25 août 2004). Au nom du PSR, j´ai
catégoriquement refusé de suivre le Funcinpec dans cette voie. Quelques heures
plus tard - c´était une pure coïncidence que ce fût le même jour - Sa
Majesté annonça depuis Pékin sa « décision d´abdiquer dans un proche
avenir ». Quelques jours après, le 12 juillet 2004, dans une lettre adressée
à M. Chea Sim qui occupait (et occupe jusqu´à ce jour) la fonction de chef
d´Etat par intérim, Sa Majesté a exprimé son refus de promulguer la loi (ou
ordonnance royale) mentionnée plus haut, qui avait été adoptée entre temps
par l´Assemblée nationale le 8 juillet 2004. Dans sa lettre du 12 juillet, Sa
Majesté a considéré cette loi comme source de « sérieuse division pour
notre nation » et Elle a laissé à M. Chea Sim la latitude de « signer ou ne
pas signer l´ordonnance royale, selon ce que [lui] dicte [sa] conscience ».

Question : « Pourquoi Sam Rainsy n´est-il pas satisfait quand il peut être
haut placé et avoir du pouvoir » ?
Réponse : Parce que j´essaie d´obéir à ma conscience et de donner un sens
à ma vie. Par exemple, en pensant aux années noires de l´histoire de France
sous l´occupation allemande, j´ai tendance à admirer plus le Général de
Gaulle luttant dans la Résistance que le Maréchal Pétain au pouvoir à Vichy.
De même, j´admire incontestablement plus maintenant l´opposante birmane
Aung San Suu Kyi - qui lutte pour la démocratie et la dignité humaine dans
son pays - que les généraux au pouvoir à Rangoon.

Question : Pourquoi Sam Rainsy a-t-il cette « maladie » qui consiste à «
chercher des histoires aux autres » ?
Réponse : Parce que j´aime mon pays et je souffre de le voir soumis au règne
des prédateurs. Avant d´être démis de mes fonctions de ministre des
finances en 1994, certains m´appelaient déjà l´« empêcheur de piller en
rond ».

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l´expression de mes meilleurs
sentiments.

Sam Rainsy